Pour les américains, le véritable choc de la guerre n'est pas celui que l'on croit. Il trouve sa source dans un pays aux rizières verdoyantes, irriguées par l'eau vivifiante du Mékong dans un modeste pays de l'Asie du Sud-Est. Mais à l'horizon 1965, le chaos allait définitivement s'emparer du Vietnam dans un conflit fratricide où personne n'en sortirait sains et saufs. Vietnam raconte cette histoire, au milieu de la grande.
Et à mesure que les 11 fragments de ce puzzle s'assemblent, c'est le spectre du cinéma américain des années 70 qui gravite autour de l'Histoire. Les images d'archives se mêlent et se confondent à la magie du grand écran. On pense à Cimino, Coppola, de Palma et autres Scorcese, au point même de s'émerveiller sur cet âge d'or, où le cinéma outre-atlantique était un documentaire vivant, une fenêtre critique sur l'état du monde. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler de la séquence finale de la Horde Sauvage, une ressassée impressionnante du terrible massacre de My Laï, de la folie meurtrière du colonel Kurtz d'Apocalypse Now, comparé à la mégalomanie d'un Westmoreland assoiffé de sang.
Vietnam, une fresque monumentale d'un énorme gâchis, électrisée par de nombreux et poignants témoignages des rescapés de l'Enfer, est bien plus qu'un récit chronologique d'une guerre inutile, c'est un programme fascinant élaboré du cœur des heures les plus sombres de l'Amérique qui tourbillonne avec ses propres démons. Comme si le traumatisme, telle une déflagration, raisonnait, 40 ans après, toujours aussi fort.