Je m'attaque enfin à une critique de LA série qui occupe la majorité de mes réflexions sériennes actuelles... Vikings.
J'ai commencé à regarder sans réelle conviction. Et j'ai continué. Il y a tellement de séries que je démarre et que je stoppe au bout de quelques épisodes seulement.
Dire que la série a grandi au fil des saisons, qu'elle a mûri, c'est trop réducteur. Bien davantage qu'une série historique sur les peuples du Nord, Vikings explore une tonalité bien plus universelle et dépasse la simple exploration de la vie du IXe siècle entre Suède et Norvège. Michael Hirst, le créateur, explore des thèmes comme la soif de pouvoir (le simple paysan devenu chef de clan, puis roi), la trahison, la corruption ou encore la filiation...
Et que dire du personnage principal, le visionnaire Ragnar Lothbrok ? Personnage de légende historique et maintenant télévisuel, il est apparu petit à petit comme un personnage intemporel, orfèvre de la stratégie militaire et politique, fascinant et rusé, presque diabolique... Inoubliable et immense.
Ponctuée de scènes magnifiques, portée par un comédien habité par son personnage (l'Australien Travis Fimmel), la série vous accueille au cœur d'une pure tragédie grecque.
EDIT du 18 janvier 2021 : Une page de tourne... Michael Hirst a su mettre un (beau) point final à sa saga nordique et nous offrir un magnifique voyage crépusculaire. Son écriture est présente de bout en bout : tout s'imbrique. Entre les enjeux et les personnages de la première saison, depuis longtemps disparus, et les événements décrits dans la sixième, tout est lié, tout est logique. Une série admirable de bout en bout. La destinée des fils de Ragnar est à la fois étonnante et mathématique, chacun ayant pris et porté au fil des épisodes quelque chose de leur père...
Ivar, la folie et la démesure, qui va faire le voyage en Angleterre pour y mourir, comme Ragnar. La fin de ce personnage hors norme est triste et émouvante. Ses derniers échanges avec Hvitserk sont beaux et inattendus.
Hvitserk justement, enfin délivré de ses écrasants frères , qui se convertit au christianisme, devenant un nouvel Athelstan ,y compris nommément, sous les yeux d'Alfred : l'histoire se répète, à l'envers cette fois.
Ubbe, le sage, qui choisit de s'installer paisiblement en Amérique, empruntant la voie que Ragnar aura tant espéré toute sa vie et qui abandonnera petit à petit ses us et coutumes au profit de ce nouvel éden.
Et enfin Bjorn, à la fin désespérée et épique, celui qui ne voulait pas non plus le pouvoir mais qui devint une légende, comme son père...
En parlant de ce père, qui aura tant porté et pesé à la fois sur ses fils au cours de leurs vies, quelle fin magistrale également (au cours de l'épisode 15 de la saison 4 si ma mémoire est bonne) ! Quel discours, quel charisme !
Michael Hirst embraye au cours de cette 6e saison vers le crépuscule des Vikings, vers la fin d'un monde. Le fait d'avoir éliminé les fils de Ragnar de l'équation, pour laisser à Kattegat le champ libre à Ingrid, habile mélange d'Aslaug et de Lagertha, va d'ailleurs dans ce sens : Ingrid la sorcière, donc un peu magicienne, capable de maintenir encore un peu l'illusion qu'il existe encore un pouvoir Vikings et un panthéon de Dieux intouchables et tout puissants. Mais il est trop tard, la christianisation des peuples scandinaves est en marche...
Merci à Michael Hirst pour ce voyage... Je n'aurais jamais été déçue, de la première à la dernière pierre...