Vikings par Nolwenn-Allison
Michael Hirst est un amoureux d'Histoire, la preuve en est sa "filmographie" TV qui compte l'excellent Tudors mais aussi le médiocre Camelot. C'était avec cette dernière petite déception que le créateur de séries nous avait laissés, à défaut de pouvoir lancer une nouvelle saison. Cette année, il revient sur History Channel avec Vikings qui, comme son nom l'indique, nous emmène vers les terres froides de Scandinavie. On y suit Ragnar Lothbrok, un guerrier comme un autre, qui rêve de bousculer la tradition et de partir à l'Ouest en exploration. Après le visionnage de la première saison, je dois avouer que mon avis est assez mitigé...
En terme de qualité générale, Vikings se démarque de son prédécesseur. Les premiers épisodes nous transportent et nous dépaysent complètement, les décors naturels sont vraiment de toute beauté et on est immergé tout de suite dans cette culture qui n'est pas aussi barbare qu'on peut le prétendre. Pour le coup, History Channel remplit bien son cahier des charges : on en découvre plus tout en passant un très bon moment. Les personnages sont intéressants et loin d'être aussi niais que ne l'étaient ceux de Camelot (Floki, tu mériterais à ce que je m'abaisse à l'acte avilissant de t'attribuer un smiley coeur). D'ailleurs, contrairement à cette série, le casting est plus modeste : un grand nom, Gabriel Byrne (Usual Suspects), campe le rôle du Earl Haraldson. A côté, les autres personnages sont interprétés par des acteurs peu connus, mais qui ne sont pas pour autant moins talentueux. Sauf Clive Standen : rescapé du naufrage Camelot (décidément, on y revient toujours) où il était plutôt bon, ici il traîne la patte et plombe un peu le tout. Mais il faut bien avouer que son personnage, Rollo, le frère de Ragnar, n'est pas non plus très bien traité, étant donné qu'on ne sait jamais où il va, quelles sont ses intentions voire ses motivations.
Déjà, le tableau s'obscurcit. Parce que si Vikings tend à gommer les défauts de Camelot, il n'arrive pas non plus à s'en défaire totalement. Ainsi, la série souffre, elle aussi, d'un gros problème de rythme. Alors durant la première moitié de saison, cela ne se voit pas. Pourtant, arrivé à l'épisode 6, la densité des événements donne l'impression d'un final de saison. Et les trois derniers épisodes, dans tout ça, retombent comme un soufflet. On se prend même des épisodes de pas grand-chose, comme l'avant-dernier qui se passe lors d'un festival. Entre délires mystiques et sacrifices dont, au fond, on s'en fiche un peu puisqu'il n'entraîne rien, l'ennui pointe. Enfin, l'épisode 9, le final officiel, paraît terne comparé à tous les nouveaux enjeux qui ont été mis en place mi-saison.
A ce problème de rythme, s'ajoute celui de la cohérence de l'intrigue. Je m'explique : au début, tout va bien. Ragnar veut aller à l'Ouest, l'Earl ne veut pas, Ragnar demande à son copain Floki de lui construire un bateau, Floki construit un bateau, Ragnar et sa bande vont à l'Ouest, miracle Ragnar avait raison, l'Earl va donc décider de récupérer tout ça à son avantage, débute ainsi un conflit qui va loin. Jusqu'aux 2/3 de la saison, tout s'imbrique et il n'y a vraiment pas de temps mort. Chaque événement découle de quelque chose auquel le spectateur a assisté, en toute logique me direz-vous.
Le problème, c'est encore et toujours cette maudite fin de saison, qui nous balance de nouvelles péripéties sans qu'on ne comprenne ni pourquoi ni comment on en est arrivé là. Exemple : je ne pense pas trop spoiler en vous révélant qu'une maladie sévit dans le village durant le dernier épisode. Dans une bonne série, on préparerait cette épidémie, juste en la mentionnant rapidement dans un épisode précédent, lors d'un conseil par exemple. Non, là on nous jette l'info à l'arrache et ce qui s'ensuit semble du coup trop artificiel pour que nous puissions crier au coup de génie. Dans un registre différent et minime, le look du prêtre. D'un jeune moine tout timoré, il se transforme soudain en un cosplay d'Edward Norton qui aurait été casté pour un film sur les Vikings. Au fond, ce changement pourrait se justifier, mais encore fallait-il que les scénaristes nous aient donné tous les éléments pour le comprendre.
J'ai un peu hésité concernant ma note. Si on prend Vikings indépendamment du reste, la série vaut 6. Elle est divertissante mais souffre quand même de pas mal de défauts qui, malgré les efforts pour les estomper, ne peuvent s'empêcher de ressurgir. Maintenant, j'ai déjà mis un 6 à Camelot et il se trouve que Vikings est une bien meilleure série. J'ai donc privilégié la valeur comparative, mais il faut bien avouer que la série perd tout son intérêt passé l'épisode 6...
NB : pourquoi faut-il toujours que les gentils soient blonds et les méchants bruns ? C'est la deuxième fois que tu nous sors ce manichéisme digne d'un conte pour enfants, Michael. Qu'on ne t'y reprenne plus, désormais !