Un blockbuster avec ses qualités et ses défauts

Vincenzo ou le "drama ayant la plus belle affiche de l'industrie" s'est fait désirer dès l'annonce de sa diffusion au cours de l'été 2020 et l'attente en valait la peine, le drama étant déjà probablement le plus marquant de l'année 2021.
Il l'a mérité et les chiffres le prouvent, plus de 10% d'audience d'une manière générale sur la chaine câble coréenne tvN, une diffusion sur Netflix qui ne manquera pas d'attirer un public même "non initié" aux drama asiatiques grâce à son intrigue et un commun accord des fans à clamer que la série est la star de son temps (au moment où j'écris, juste après la sortie de l'épisode finale, la moins bonne note sur le site est 8, c'est dire !).

Financée à hauteur de 20 milliard de wons coréen soit 15 millions d'euros à la louche, la série montre à quel point la plateforme Netflix veut s'engager dans les méga-production de drama comprenant l'engouement du reste du monde pour ce format de divertissement. Vicenzo est donc bien un blockbuster dans sa catégorie, à ce titre je me permettrai de juger ses qualités et ses défauts en gardant bien en tête que la série vole dans une catégorie supérieur à ses pairs.

Avec un tel budget donc, les têtes d'affiche sont des acteurs de premiers rangs.
On retrouve avec plaisir Song Joong Ki, qui n'était pas apparu sur petit écran depuis Arthdal Chronicles en 2019.
Il fait vivre le personnage de Vincenzo avec brio et les scènes où le mafieux prend le dessus sont jouissives, ses expressions d'une grande froideur sont très marquantes. En répercussion j'ai eu un peu de mal lors de ses passages comiques, en trop fort décalage de ses phases de violence mais c'est un point entier de la série sur lequel je reviendrai.
L'accompagne dans son voyage, l'insolente Jeon Yeo-Bin dans le rôle de Hong Cha‑young, l'avocate partenaire de crime de Vincenzo. En opposition à Song Joong Ki, j'ai adoré l'actrice dans ses passages comique ou du moins d'espièglerie, un peu moins dans ses passages sérieux, ne retrouvant pas la même flamme vengeresse en elle que chez Vincenzo (c'est peut être du à l'écriture du personnage).
Viennent ensuite une ribambelle de personnages très différents qui font partie de la "Cassano Family" et qui aideront les personnages principaux, ce sont eux qui porteront particulièrement l'aspect comique de la série. Bien que prenant parfois un peu trop de temps d'écran à mon gout, ils resteront très attachant jusqu'à la fin.
Enfin quant aux personnage belliqueux, je suis partagée... Je pensais qu'ils seraient plus charismatiques sachant que la série s'est écrit avec la devise "combattre le mal par le mal" mais ils sont sûrement plus réaliste ainsi. Le problème réside surtout dans le personnage de Jang Jun‑woo, interprété par Ok Taec-yeon (qu'on retrouve enfin dans un gros projet depuis Save Me en 2017). Ses crises de colère à répétition lui enlèvent toute imprévisibilité et le privent d'une terreur qu'il aurait pu créer à cause de sa pathologie de psychopathe.
Je pensais d'ailleurs que sa garde rapprochée, les avocats de Wusang seraient plus calculateurs ou du moins plus sérieux au vu de ce qu'ils ordonnent mais cela revient à l'aspect burlesque du drama je suppose.
Cela permet néanmoins à Kwak Dong-yeon (Jang Han‑seo, le second fils) de briller particulièrement dans son rôle. Je surveille les projets de l'acteur depuis quelques années et j'espère que ce travail là le propulsera sur le devant de la scène. Jang Han-seo est de loin le plus intéressant des opposants. Ses conditions de vie lui ont donné un grain de folie qui rend le personnage particulièrement captivant en opposition à la redondance des réactions de son frère.
Dans l'ensemble la série offre donc une très grande palette de points de vues et selon moi, c'est toujours un gros point fort.

Quant au scénario, le drama ne pouvait que marcher. Il existe de nombreux autres exemples où le crime organisé et la violence sont un thème principale (on peut citer "Stranger", "Extracurricular" ou encore le très récent "Beyond Evil") mais jamais à ma connaissance le thème de la mafia italienne n'avait été envisagé. L'effort de Song Joong Ki à parler Italien est d'ailleurs louable malgré les ajouts en français de "mademoiselle" dans certaines de ses phrases (nous devons sembler trop similaires à nos voisins latins dans cette région du monde...).
Le thème de la vengeance dans le cadre d'une guerre à la David et Goliath, saupoudré d'un mystérieux mafieux italien est donc une très bonne entrée en matière. Seulement la série, et c'est aussi ce qui en fait sa particularité, prend le partie d'être comique au milieu de ces intrigues très cruelles, de ce qu'on peut comparer à une histoire de guerre mafieuse.
Sachant que les moments burlesques sont en majorité bien écrit, on prend plaisir à les suivre mais lorsqu'ils interviennent après une scène de meurtre, soit ils paraissent faux, soit la scène de violence perd de son intensité.
Ce jonglage entre les genres, bien que très rafraîchissant, m'a donc souvent pris de court. Je ne savais pas vraiment sur quel pied danser en regardant la série.
En terme de rythme, les dix-douze premiers épisodes sont jubilatoires car les forces en places sont déséquilibrés, les succès de Vincenzo et Cha-young sont donc grandioses. C'est moins le cas dans la deuxième partie où les héros passent par de nombreuses intrigues secondaires pour arriver à leurs fins. Malgré tout l'épisode final dense relève le rythme pour une conclusion assez étrange selon moi mais qui remplit très correctement les enjeux de la série.

Je fais d'ailleurs une mention spéciale à l'alchimie du couple de nos deux héros. La romance entre eux est beaucoup suggérée plus qu'elle ne prend de réelle place dans l'intrigue mais elle est justement très belle ainsi. Leurs sentiments passent beaucoup via les regards qu'ils s'échangent et cela donne à leur relation un aspect mature qui colle avec le côté plus sérieux de la série.

Pour conclure, dans l'ensemble c'est un très beau succès. Quelques points particuliers ont fait qu'il ne rentrera pas mon très exclusif "top 10 drama of all time", alors qu'il en avait peut être le potentiel néanmoins c'est chipoter sur de l'excellente qualité.

Et puis rien que pour tous les costumes que porte Song Joong Ki avec classe durant ces vingt épisodes, je vous pousse à les regarder si ce n'est pas déjà fait.