Vincenzo
7.1
Vincenzo

Drama tvN (2021)

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«V» for Vendetta : Tous les chemins mènent à «Vincenzo»

À l’âge de 8 ans, Park Ju Hyeong est adopté par une puissante famille de la mafia italienne. Il se prénomme désormais Vincenzo Cassano, avocat pour la mafia en tant que Consigliere. Suite à un conflit entre plusieurs groupes de mafieux, il s'envole vers Séoul en quête de l’or caché dans un bâtiment. Cependant, une société immobilière d’un puissant conglomérat pharmaceutique (Babel) a illégalement pris possession des lieux. Notre «Con Soigné» met tout en œuvre pour récupérer cette fortune et faire justice à sa «manière».


Ce drama aux éloges dithyrambiques possède l’un des taux de téléspectateurs les plus importants de l’histoire des dramas sud-coréens. Il est devenu l’un des mieux classés de tvN, battant des records après la sortie de chaque épisode.


Vincenzo m'a donné du fil à retordre, j’ai failli rendre les armes à plusieurs reprises. Des éléments perfectibles lui font de l'ombre, néanmoins je lui reconnais des qualités indéniables, que j'expose ci-dessous.


Une scène d’introduction éblouissante à l’atmosphère sombre (je suis «tout feu tout flamme » devant


cette vue panoramique époustouflante sur les vignes italiennes) laisse place à un ton loufoque.


Bon, je ne l'avais absolument pas vu venir celle-là (vous non plus hein). Une scène tendue nous met l’eau à la bouche, puis une ambiance comique reprend le dessus. Mon enthousiasme retombe comme un soufflé. Les passages lugubres se font désirer, je prends mon mal en patience. Je suis émerveillée visuellement parlant mais décontenancée par ce mélange des genres au rythme décousu.
Des séquences d’une perfection visuelle quasi-irréprochable sont coupées dans leur élan par des situations farfelues. Une narration parfois laborieuse se perd dans un labyrinthe de palabres. J’aime quand la tension monte crescendo, sans temps mort. Ce que je n’ai pas (assez) retrouvé avec ce tempo saccadé, d’une lenteur redondante, qui perdura tout le long. Si bien que je n’ai pas été totalement captivée sur chaque épisode.


D’autres éléments rédhibitoires se sont ajoutés à ma frustration :


L'humour burlesque : La série assume pleinement son côté parodique. Le comique de situation aux mimiques forcées et autres gesticulations ont eu raison de ma patience. Ceci dit, je me suis bien fendue la poire à certains moments. Notamment, le petit pied de nez à cette société conservatrice via la parenthèse fleur bleue avec « Tae-Ho » (cœur dans tous les sens ahaha). Mention spéciale pour la scène loufoque du chamanisme tourné en dérision, «sacrément» interprétée. Quand la fiction rejoint la réalité, cette superstition spirituelle est bel et bien enracinée dans la mentalité du peuple. En effet, -même si c’est fait en cachette- les chamans restent très consultés par les Coréens de tous les milieux, y compris les responsables des plus grandes entreprises. Comme en témoigne une Professeur de l’Université Sungkyungwan à Séoul «Je connais une chamane, qui travaillait juste à côté d’un bâtiment du conglomérat Hyundai, et de nombreux cadres de cette entreprise venaient la voir à chaque fois qu’ils faisaient face à un dilemme. Quand ils avaient un problème et qu’ils devaient prendre une décision très importante. C’est souvent d’ailleurs pour cette raison que les gens consultent les chamans».


Les protagonistes féminines : Même si elles endossent leur rôle avec persuasion, le jeu volontairement surjoué s'accompagne d'une diction désagréable et gestuelle pénible pour ma part. La prestation de Jeon Yeo-Bin devient supportable quand le registre vire au drame, elle a su m’émouvoir un tantinet sur la fin. Tandis que l’avocate d’âge mur me sortait continuellement par les trous de nez.


Les locataires : malgré leur petit grain de folie, ils n’ont pas réussi à m'entrainer dans leur délire ni à me rendre sensible à leur cause, j’ai déroulé en accéléré la quasi-majorité de leurs interventions (qui accaparent une bonne partie de la série sans réelle nécessité).


L’Italie : je ne vais pas revenir sur tous les clichés entraperçus. En se plaçant d’un point de vue coréen, on peut comprendre que cette culture peu familière puisse les émoustiller. Le pizzaiolo Mario Bros, c’est tout de même le pompon.


La Mafia : n’est pas exploitée à sa juste valeur. À part le fait que notre héros dégaine quelques expressions italiennes, j’attendais qu’il soit développé avec des différences notables, pour le démarquer véritablement d’un gangster lambda. Je salue tout de même Song Joong-Ki pour sa maîtrise convaincante d’une langue latine à la prononciation complexe pour un coréen. Ainsi que sa prouesse vestimentaire d’être en costard H-24.


Au 199ème coup de Zippo : j’avais envie de le lui arracher des mains (en vrai, je n’ai pas compté ahaha).


Les pubs : Habituellement, je n'y prête pas attention mais là c’est gros comme une maison. Un petit bonbon au café? ;) D'ailleurs, Le drama a été vivement critiqué après l’apparition d’un bibimbap de marque chinoise. Les téléspectateurs coréens, devenus très sensibles à la Chine et à leur influence dans les médias coréens, se sont indignés. L’acteur principal s’est même excusé publiquement (le lourd revers de la médaille des célébrités coréennes, elles se doivent de montrer de l'exemple en toutes circonstances, même pour de la bouffe (je riZ jaune) la vie de K-star n'est pas toujours rose).


Le coup de grâce : Ce cliché final (que je redoutais tant) ne nous a pas été épargné.


La clique des méchants escrocs me laisse sur ma faim. La jalousie dans les fratries de chaebols, ainsi que le système judiciaire véreux qui gravite autour d’eux, sont un grand classique. On ne peut que ressentir à leur égard une haine viscérale, pour ce détachement nauséabond vis-à-vis de leurs méfaits insoutenables.


L’aîné est l'incarnation du mal, dans toute sa cruauté mentale et physique.


Le choix porté vers Taecyeon est pertinent.
Sous son physique d’apollon


de la haute bourgeoisie se cache un pervers narcissique, atteint d'une sévère pathologie psychiatrique. Il contamine ses sbires abjects qui se rangent de son côté par goût du pouvoir et appât du gain. Ses excès de colère incontrôlables et hors de proportion, prennent une ampleur destructrice, mais tombent dans une prévisibilité redondante.


Ce qui n'enlève rien à sa brillante prestation.


À l’inverse, le Benjamin attire l’attention pour sa fragilité intérieure. Interprété par Kwak Dong-Yeon, il nous montre l’étendue de son talent avec ce rôle ambigu à fleur de peau.


Son statut de souffre douleur suscite de l’empathie. Il subit une violence insidieuse sous sa forme la plus malsaine, sans aucun échappatoire. On ne peut que s'émouvoir face à son triste sort et se réjouir de sa rébellion qui prend un tournant intrigant.


L’apologie de la violence tombe dans la «normalisation», elle est dépeinte avec un côté «cool» comme la seule réponse adéquate face à la justice. Déroutant et dérangeant.


Passons aux aspects les plus appréciables. Rendons à «Vincenzo» ce qui est à «Vincenzo».


L'image de la Tour de Babel est judicieusement choisie, elle reflète la cupidité humaine, sous sa forme la plus ténébreuse, aussi démesurée que ceux qui l’ont édifiée (toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort).


Une partie de la force de Vincenzo réside dans son esthétisme visuel. La photographie est d’une beauté incroyable. L'une de mes plus belles claques esthétiques : Du grand angle au plan serré, de sublimes cadrages qu'ils soient figés ou sous forme de zooms, sont minutieusement étudiés. Ce floutage magnifique, est allié à des ralentis du plus bel effet. J’ai même fait des retours pour (re)admirer certains plans qui m’ont laissé sans voix. De splendides clichés où l'on voit que la recherche artistique est à son paroxysme. J'ai adoré cette petite musique (indissociable), qui accompagne parfaitement le ralenti de chaque séquence. Cette harmonie donne une identité singulière à notre mafieux.


Sur la multitude de dramas à mon actif, c’est ma première rencontre avec l’emblématique «Flower Boy» aka Song Joong-Ki (j’ai parfois une méfiance envers les acteurs que l’on encense trop pour leur apparence physique). Cette belle gueule d'ange implacable me laissait de marbre. Puis le charme a opéré au fur et à mesure que sa psychologie se met à nu. Son visage juvénile aux traits angéliques (à qui on donnerait le bon dieu sans confession), n’est qu’un leurre. Son style endimanché à la beauté lisse nous mène en bateau, en atteste sa soif de vengeance machiavélique au sang-froid imperturbable. Sans foi, ni loi, l’inconcevable pour le commun des mortels est d'une banalité affligeante pour lui. Les actes les plus sordides font partis intégrante de sa personne
Sans états d’âme, ce virtuose de la gâchette (et du zippo) enflamme la foule et nous embarque dans sa dolce vita sanglante.


Song Joong-Ki fait tomber tous mes préjugés à son égard. Son talent indéniable n'est pas surestimé. Sans en faire des tonnes, il virevolte d'un registre à un autre avec aisance, persuasion et séduction. D'ailleurs à son sujet, l'un des acteurs Kim Young Woong (qui joue le rôle d'un ex-caïd) fait l'éloge de son partenaire : "Il est très doué et il est beau. Il y a eu des moments où j'étais tellement absorbé par son jeu et sa beauté que j'ai oublié mes répliques" (ah ouais à ce point-là).


Vincenzo, c’est un méli-mélo : drôle, dur, cynique, cruel.
Les scènes ultimes s'enchaînent les unes aux autres dans une succession de tableaux d'une beauté tragique.


Je ne classe pas Vincenzo en tête de gondole, étant donné qu’il ne m’a pas fait chavirer comme je l'aurai souhaité. En tout cas, il ne laisse pas indifférent. Et vous, Team mafioso ou pas? :)

Julhee
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les dramas coréens ne sont pas forcément QQ la praline

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le 5 juin 2021

Critique lue 4.9K fois

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