Lorsque le roi du cinéma (Martin) s’associe avec l’empereur du rock (Mick) et l’apôtre de la série télé (Terence Winter) pour nous concocter une histoire qui rend honneur à la chanson de notre Jean-Jacques national : on se doit de voir ça. Mais lorsque l’on apprend que ces trois là ont choisit de mettre en scène un paquet d’embrouilles sur fond de sainte Trinité 70’s (sexe, drogue et rock’n roll) et bien, ON DOIT VRAIMENT VOIR ÇA.
Sobre depuis un long moment et classé au rang de duc et pair de la production musicale des années 70, Richie Finestra (Bobby Cannavale) traverse une crise de la quarantaine dont il ne se sort pas. Après un petit meurtre accidentel, le producteur décide d’envoyer valser sa sobriété et le rachat de son label pour reprendre les bases de son métier : aimer la musique en dénichant de nouveaux talents tout en se droguant. Mais comme lorsque l’on défait son lit on ne s’y couche plus, le regain de passion qui anime les entrailles de l’ami Richie va peu à peu apporter son lot d’aventures et de fruits pourris…
Doté d’un très (trop) grands nombres d’atouts sur le papier, Vinyl était plus que bien placé pour atteindre le podium des séries « oh yeah » de 2016. Mais lorsque les constellations du bonheur télévisuel sont trop bien alignées cela ne peut aboutir qu’à deux possibilités : le miracle ou la déception. Malheureusement, il ne s’agira pas de miracle pour cette fois-ci.
Le problème principal de la série réside dans son inégalité, faisant de ces dix épisodes un ascenseur émotionnel constant. Après un pilote long de près de deux heures, dirigé par Martin himself, le téléspectateur peut déjà entrevoir le soucis au travers des brumes de la subjugation. Bien que la mise-en-scène, l’esthétique et les mouvements de caméra secs font écho à l’hystérie du rock ; ce premier épisode démontre que le visuel ne peut pas endosser plusieurs casquettes, encore moins à la télévision. Martin est bien trop grand pour le petit écran et l’histoire aurait peut-être gagnée à sortir sur grand écran.
Le scénario, loin d’être mauvais, n’est pas particulièrement prenant et ne réussit jamais à trouver son rythme. Sans affirmer qu’une série se doit d’être haletante (bien que cela soit un peu le concept de base), elle doit au moins renfermer de petits trésors, qui, comme les poupées russes, s’ouvrent d’épisodes en épisodes rendant le public accro ou au moins intrigué par la suite des évènements. Vinyl offre de purs moments de bonheur sériesque où l’on veut absolument savoir ce qu’il va se passer sans réussir à maintenir la tension et le suspens. Les personnages secondaires, et féminins, sont les plus intéressants et trop peu exploités; jusqu’au moment où ils le sont et deviennent alors bien moins intéressants. La découverte du groupe des Nasty Bits s’avère réellement passionnante mais sans arrêt relayée au second plan; jusqu’au moment où cela accapare l’écran et s’avère bien moins passionnant. Sans parler du personnage de Lester Grimes (Alto Essandoh) qu’on espère désespérément voir à tous les plans. Vous l’aurez compris, Vinyl est une espèce de carnaval de fausses joies qui n’enlève rien à la qualité des dialogues et de l’esthétique sans pour autant apporter quoique se soit au monde la série.
Ne trouvant ni le juste milieu ni son appartenance dans entre série-série ou série-d’ambiance c’est dans une intrigue inégale que les très bons acteurs évoluent et tentent de rendre leur personnages attrayants. Là encore, l’écriture pêche un poil et les protagonistes, au même titre que le scénario, sont aussi géniaux qu’insipides. Les efforts des comédiens sont vains et d’attachement pour les personnages il n’y a point.
Malgré ces petites fausses notes, le disque réussit tant bien que mal à ne pas se rayer au fil des épisodes grâce à une bande son qui vous jettera une nouvelle fois dans les bras de vos Cds adorés achetés à la Fnac ou chez OCD (à l’époque où cette pratique existait encore). Parce que là les amis c’est du très très lourd. Si Vinyl n’est pas un pur bonheur pour votre cœur, la série est une extase pour les oreilles. Rock, soul, punk, blues, funk toutes les chansons qu’on aime (si on les aime bien sûr) se bousculent au portillon de vos portugaises dessablées en vous donnant envie d’exécuter la danse des sept voiles. Mais. On peut néanmoins regretter certains moments où les chansons sont coupées et juxtaposées par la main d’un Dj fou qui chercherait plus à montrer sa collec de Cds qu’autre chose, ôtant ainsi quelques moments de grâce musicales.
Cet effet dropping se retrouve malheureusement aussi au niveau des personnages. Rendant admirablement bien l’ambiance du New-York des années 70 (nous jugeons d’après les films datant de cette époque, n’ayant pas pu nous rendre sur place pour cause de non existence encore sur la planète), la série utilise plus ou moins bien les noms et le milieu du rock. Si dans certains cas la ressemblance et l’invocation de célébrités sont judicieuses et amusantes, dans beaucoup d’autres cela l’est beaucoup moins. Ainsi, le côté réaliste qui cherche à être insufflé fonctionne, mais s’apparente assez souvent à du name dropping qui n’est pas d’une grande nécessité.
En conclusion, malgré un visuel et une bande son particulièrement bien réussi, Vinyl ne sera pas The série de l’année. Si l’excessivité et l’hystérie du monde de la musique des années 70 sont parfaitement rendues, elles débordent légèrement sur la rigueur et la finesse d’un scénario de série comme on les aime. Ainsi, la problématique du positionnement de l’œuvre dans le champ télévisuel s’en ressent, même s’il elle se fait oublier par moment.
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