Je regarde relativement peu de séries. Je trouve que, trop souvent (Foundation, Les anneaux de pouvoir, La Roue du Temps...), elles étirent la narration sans utilité pour l'histoire et un ennui certain point alors chez moi au fur et à mesure des épisodes.
Avec Watchmen, c'est du grand art dans la construction narrative. Tout est ciselé afin qu'au terme du neuvième épisode, tout s'emboîte parfaitement. Ça commence par un premier épisode où l'on ne comprend pas grand-chose, des informations arrivant de toutes part dans un grand capharnaüm. Au second c'est toujours confus et le troisième demeure quelque peu abscons. Les scénaristes avancent masqués.
La temporalité est le grand défi de ce récit : les époques s'entremêlent, les trajectoires humaines également. Et puis, par touches successives, le ciel bleu succède à la grisaille calamaresque. Le bleu est ici essentiel à la compréhension de ces temporalités croisées. Alors surviennent les épisodes 7, 8 et 9 qui, tout en assénant une grande claque au spectateur, apportent les pièces manquantes à la compréhension du tout. Les révélations sont fabuleuses et l'émotion puissante. Mon épisode favori étant le huitième, l'héroïne (Angela Abar) revoyant les différentes étapes de sa vie pour le moins singulière.
Mais Watchmen, ce ne sont pas que des récits solidement charpentés qui s'imbriquent parfaitement. Ce sont aussi des introductions incroyables (je ne me suis pas encore remis du "ouistiti" du juge masqué) qui immergent de façon brutale et jubilatoire le spectateur dans une tranche de vie d'un personnage. Ce sont également des rebondissements déments que l'on peut deviner.
Les acteurs sont fabuleux, depuis le génial Jérémy Irons, formidable personnage d'une arrogance inouïe, jusqu'à Hong Chau qui campe une visionnaire de génie, Lady Trieu, tout en passant par la fabuleuse Regina King qui incarne à la perfection une héroïne forte et fragile à la fois. Elle est bouleversante à mesure que se dévide le récit.
Alors que les premiers épisodes m'ont quelque peu laissé dubitatif (je suis tombé dans les rets des scénaristes), mon intérêt n'a cessé de croître jusqu'à un final quasi orgasmique. J'ai cru marcher sur l'eau...