Il est rare qu’une série soit aussi complète dans son développement. Ici, c’est le cas : tant sur la forme que sur le fond, rien n’est laissé au hasard.
Sur la forme (Blu-ray) : la qualité de l’image est scotchante (depuis « The Knick », il n’y a rien eu de mieux). Les décors sont grandioses, les effets spéciaux bluffants et les comédiens excellents. Et passons sur une scène de l’épisode deux avec en fond sonore orchestral « Paint It, Black » des Rolling Stones. Bref, on est totalement immergés dans ce western SF et ce dès le premier épisode.
Sur le fond : la série met en scène un parc d’attractions peuplé de robots humanoïdes où les touristes se pressent pour vivre un western « pour de vrai ». Alertons que les deux premiers tiers de la saison posent les choses, avec beaucoup d’indices qui de prime abord seront pour certains peut-être difficiles à appréhender, mais dont on trouvera les explications qui noueront l’intrigue aux quatre derniers épisodes. Des humanoïdes vivant en boucle une journée sans fin, jusqu’à la prise de conscience de leurs conditions.
Des questionnements sur l’humanité : le propre de l’humain n’est-il pas d’avoir de la mémoire, de se remémorer ses rêves et ses cauchemars ? Des réflexions philosophiques et éthiques qui nous amènent bien évidemment à faire le rapprochement avec les évolutions contemporaines de l’intelligence artificielle, qui crée à ce jour ses propres algorithmes. D’autant plus d’actualité car soulignant par ailleurs les travers du capitalisme, l’entreprise sans remords ni âme Delos cherchant avant tout le profit sur le court terme, permettant aux visiteurs de se défouler, de tuer, de violer. Il n’y a qu’un pas à faire pour mettre en lumière l’égotisme de notre société du divertissement et du spectacle.
Le tout est amené par une mise en scène implacable (mis à part quelques éparpillements, mais le récit est tellement dense qu’on ne peut que pardonner ces petits défauts); « Westworld » réussit avec brio à allier complexité des arches narratives avec une redoutable efficacité de l’intrigue : un blockbuster exigeant… c’est assez rare pour le souligner.
Gigantesque donc : une série-monde dont le prix est totalement justifié (comprenant le leaflet de présentation de l’entreprise et de nombreux bonus). Un must-have pour les séries-maniaques.