What We Do in the Shadows, c’est le manuel de survie des vampires modernes en pleine crise existentielle. Imaginez : des créatures millénaires qui, au lieu de terroriser les villages, se retrouvent dans une maison de Staten Island, cherchant à conquérir le monde tout en essayant de gérer la vie de coloc et les factures d’électricité.
La série repose sur un humour à la fois sombre et absurde, où chaque vampire a son propre lot de problèmes modernes. Nandor l’Implacable, leader vaguement autoritaire, lutte pour imposer son autorité alors qu’il n’arrive même pas à maîtriser un smartphone. Laszlo et Nadja, couple éternel aux passions improbables, sont un duo amoureux perdu entre des histoires de réincarnations et des intrigues de maison hantée. Et puis, il y a Guillermo, le serviteur humain loyal (et souffre-douleur involontaire), qui rêve d’être un vampire mais se retrouve à faire le ménage et à gérer les petits soucis de ses maîtres immortels.
Chaque épisode est une tranche de vie surnaturelle où le quotidien des vampires vire rapidement au ridicule. Leurs tentatives pour "dominer le monde" se transforment en excursions ratées dans la rue, en disputes dignes d’une sitcom, ou en galères administratives, comme gérer une convocation au tribunal. Le clou du spectacle, c’est Colin Robinson, vampire énergétique d’un ennui profond, qui se nourrit des âmes non pas en les mordant, mais en les assommant avec des conversations interminables sur les réglementations fiscales. Un concept aussi absurde qu’hilarant, qui ajoute une dimension unique à l’univers vampirique.
Le format "mockumentary" est parfait pour ce décalage : les regards caméra, les entretiens avec des personnages qui ignorent qu’ils sont ridicules, et les situations où l’équipe de tournage reste stoïque face au chaos surnaturel. Visuellement, la série jongle entre le décor gothique de la maison des vampires (peuplée de chandeliers et de tableaux flippants) et les scènes modernes où ils s’aventurent, visiblement en décalage, dans des lieux de vie humaine (comme le supermarché ou un club de fitness).
What We Do in the Shadows réussit le pari d’une comédie qui se moque autant des créatures de la nuit que des petits tracas humains. C’est à la fois grotesque, attachant et parfaitement déjanté – une parodie intelligente du genre qui rappelle que, même pour les vampires, la vie moderne peut être une source infinie de désenchantement et d’hilarité involontaire.