Combien de rejetons indignes faudra-t-il encore infliger aux spectateurs pour qu’ils se détournent, une fois pour toutes, de ces maisons de production peu soucieuses de la qualité esthétique de leurs produits, écoulés comme articles dérivés d’œuvres issues de la pop culture ? Willow souffre à son tour de ce processus d’abâtardissement qui fait prévaloir le lucratif sur le créatif, omettant la tonalité burlesque du film de Ron Howard ainsi que son caractère hybride – soit la rencontre entre le monde de George Lucas et celui de J.R. R. Tolkien – pour lui préférer un second degré inerte, une dérision facile que l’on retrouve à l’identique dans les blockbusters à la mode.
On qualifie souvent Ron Howard d’honnête artisan, sans patte artistique véritable mais capable de mener à bien un projet ambitieux, de donner à des enjeux narratifs une forme cinématographique apte à susciter des émotions pour grand public. Rien de tel ici : la série lui échappe – il n’est plus que producteur – et nous ressert la sempiternelle soupe assaisonnée au politiquement correct, sans mise en scène aucune – il suffit de voir, pour s’en convaincre, la séquence de combat inaugurant le premier épisode, suite de saccades illisibles d’une maladresse sans nom qui ressemblent, à s’y méprendre, à l’ouverture de l’exécrable The School for Good and Evil (Paul Feig, 2022). L’absence de rythme et d’enjeux originaux conduit même à bâcler les retrouvailles avec les personnages – et, par conséquent, les acteurs – de l’œuvre originale. James Newton Howard, noyé dans cette mélasse indigne, fait résonner le thème musical de James Horner sans réussir à le revitaliser. Un ratage complet, émanation d’une industrie à bout de souffle créatif.