Le film de 88 est un petit bijou de fantasy. Noirceur, féerie, humour : un fabuleux conte tout public qui suscitait peur et émerveillement chez l’enfant que j’étais. Un voyage épique dans un monde inconnu, médiéval et fantastique. Encore aujourd’hui, je ne me lasse jamais de le revoir…
2022 : Willow, le « Nelgouine », la série Disney +. Bah c’est pas le même esprit. A des années-lumière du film, la série cible clairement (et quasi-exclusivement) l’ado pré-pubère moderne (-iste) plutôt que l’enfant devenu grand. Mais l’ado d’aujourd’hui se laissera t’il duper si facilement ?
Des décors et des costumes kitch au possible, de la propagande de bas étage pour l’idéologie à la mode et d’affreuses musiques pop pour faire « jeun’s ». « Kitch, pop and woke », il n’en fallait pas moins pour que la série se fasse étriper à juste titre par beaucoup.
Et pourtant, Willow la série n’est pas ce que j’ai vu de pire en fantasy ces dernières années (pauvre fantasy !). Disons qu’à mes yeux c’est moins pire que Witchflix et les Anneaux d’Amazon malgré une publicité pour « la secte des éveillés (illuminés) » encore plus palpable qu’ailleurs.
Moi je n’aime pas que les curés de la pensée m’enfoncent des objets dans le fondement surtout sans subtilité. Encore si c’était intelligemment introduit… parce que comprenez bien qu’une romance entre deux jeunes femmes ne me dérange absolument pas, je trouve même ça plaisant (du jamais vu depuis Achille et Patrocle dans l’Iliade, heu pourquoi je cite ça moi ?!).
Par ailleurs, la fantasy que j’apprécie prend un cadre médiéval ou antique avec tout le folklore qui va avec, en réinterprétant avec cohérence ce cadre, autant de manière thématique que dans sa représentation. Pas en faisait de la transposition moderniste à deux sous (bon j’arrête de faire mon intello).
Willow, le film, n’a jamais vraiment eu cette prétention mais possédait une direction artistique en béton avec un patchwork d’archétypes et d’éléments folkloriques comme seul papi Lucas savait nous servir.
Disons qu’ici pour la série, tout ce tapage moderniste peu subtil et mal amené m’irrite moins le fondement qu’ailleurs, mais ça n’excuse pas la direction artistique à chier, notamment au niveau des costumes et des décors. Entre style médiéval, Far West et même SF, faut choisir les gars…
Mais malgré tous ses défauts, Willow la série est mieux écrite (ou moins mal) que Witchflix et les Anneaux. Je me suis surpris à aller jusqu’au bout ! Dans mon désespoir de consommer de la fantasy potable, j’y ai trouvé quelques moments sympathiques. (Certains penseront sûrement que je suis désespéré au point d’avaler de la merde).
Quelques uns de ces moments en vrac : la fin du premier épisode est une invitation à un voyage dans l’inconnu (je ne parle pas de Kit). Ça c’est bien et c’est ce que j’apprécie dans la « fantasy » depuis l’Odyssée d’Homère (oui en vérité, j’ose citer des choses incomparables), le château de Nockmaar a aussi ses scènes intéressantes, la traversée de l’océan est sympathique notamment un plan étoilé de toute beauté, la réaction de Willow sur le changement de couleur des cheveux d’Elora m’a fait rire, le personnage de Kit est intéressant dans son cheminement personnel jusqu’à son accomplissement dans le dernier épisode (et je ne vous parle pas de léchouiller sa copine), voilà, voilà.
Solo, où le fils Kasdan était scénariste avec papa, ne m’avait pas déplu contrairement à beaucoup. J’aimais bien la façon de traiter les parcours et certaines désillusions pré-adulte. Ici on retrouve quelques similitudes ainsi que la réutilisation du parcours héroïque pour certains personnages. Mais un peu trop proche quand même de l’inversion (déconstruction) faite dans la dernière trilogie Star Wars (Dans le concept, Willow est un raté proche du Luke de l’épisode 8, Elora se révèle bien vite aussi pété que Rey,…)
Bon tout ça c’est loin d’être au niveau quand même mon petit Kasdan ! C’est très, très léger comme « l’humour » de ta série. Certains passages sont franchement éprouvants de ridicule et de mauvais goût (les bûcheronnes, tout l’épisode dans la forêt sauvage et je préfère en oublier bien d’autres).
4/10 pour une série Disney + ?! Hé mais c’est une note exceptionnelle, extraordinaire même ! (je deviens bien trop indulgent moi.)