Cette série nous propose un discours subtil où s’opposent le vrai et le faux, le réel et le fantasmé, le scientifique cartésien et le délire paranoïaque. Ceux-ci se répondent, s’entremêlent et s’auto-alimentent, sans trop tomber dans la caricature.
La série a su évoluer. Elles nous offraient en dehors de l’arc narratif de la théorie du complot gouvernemental un schéma de freek of the week qui faisaient en sorte que les épisodes pouvaient se regarder (hormis ceux liés au complot) dans aucun ordre défini. À partir de la troisième saison, des petits détails parsèment les épisodes rappelant des épisodes précédents.
On nous offre un catalogue des affabulateurs, des légendes urbaines (le bigfoot, les monstres des égouts…), des théories complotistes (les extra-terrestres, JFK, les organisations paragouvernementales), les rumeurs, les fables médicales. Et la liberté nous est laissé d’y croire ou non.
Les deux personnages principaux sont opposés et complémentaires. Mais il serait trop simple de réduire cela à cartésien/croyant au complot.
Mulder (Duchovny) est plutôt du genre paranoïaque et naïf, et Scully (Anderson) lui oppose sa lucidité et son approche scientifique.
La plupart des épisodes suivent une structure à base d’enquête, sur des faits souvent présentés comme étranges, dans un monde dont le rationalisme et le côté rassurant ne sont que de surface. Mulder cherche toujours une explication non rationnelle, alors que Scully pousse ses recherches à la lumière des faits scientifiques.
Sur les 9 premières saisons (je parlerais des saisons 10 et 11 après), et 130 épisodes, plus de la moitié (70) concernent l’arc narratif ayant fait le sel de la série (une conspiration étatique), et plus on avance, plus la théorie de Mulder prend le dessus sur le reste.
La série joue clairement sur des inspirations assumées : RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE, LA QUATRIÈME DIMENSION, LES ENVAHISSEURS (Roy Thinnes apparaît d’ailleurs dans la série), et bien évidemment tous les films fantastiques ou de SF classiques (THE THING, entre autres).
Les cinq premières saisons sont formidables (surtout les 3, 4 et 5). Et c’était inévitable. À jouer sur les légendes urbaines et étirer un arc complotiste, on risque de tourner en rond. Et cela va se produire à partir de la saison 6.
Le jeu des deux acteurs principaux, tout en finesse, est bien sûr un des piliers importants de la réussite de la série. Leur histoire d’amour tout en retenue au cours des neuf saisons est plutôt subtile, car il aurait été facile de tout faire basculer.
Et il faut reconnaître que lors des saisons 6/7/8, Gillian Anderson est éblouissante de beauté.
Les saisons 8 et 9 sont d’une noirceur et d’un pessimisme assez désarmant. Jusque-là, la série réussissait à contrebalancer la noirceur de son propos par deux facteurs : le jeu très malin de David Duchovny, capable de traits d’humour salvateurs, et des épisodes aux relents comiques qui permettent de souffler.
La saison 10 peine à trouver ses marques. Bien sûr, on est content de retrouver nos deux enquêteurs, et les clins d’œil appuyés aux neuf premières saisons font du bien. Mais le coeur n’y est plus, malgré une réalisation qui a su s’adapter aux nouveaux canons cinématographiques (notamment dans des scènes de baston).
Nos héros ont vieilli. La nonchalance et l’humour de Mulder sont toujours là, la beauté de Scully est toujours réelle, mais la théorie du complot devient du grand nawak. Un épisode est tout de même au-dessus du lot: RENCONTRE D’UN DRÔLE DE TYPE. L’humour et l’inversion des valeurs y sont remarquablement maîtrisés.

lolodu87
6
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le 6 juil. 2020

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Lolo

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