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Je n'en suis qu'au début du quatrième épisode, mais je retaperai ma critique après, je voulais juste tout de suite fixer par écrit certaines réflexions.
D'abord, la série est visiblement à l'origine du film Your name, film qui a eu un succès fou et qui est en réalité terriblement mauvais avec des anomalies atroces. En plus, cela me fait rire au sujet de toute cette intelligentsia qui croira différencier les séries faites pour les gosses et les animés artistiques ambitieux. L'auteur de Your Name et de La Tour au-delà des nuages s'est inspiré de cette série-ci "Yamada et les sept sorcières" pour l'échange des corps ou de la tour Karin de Dragon Ball pour sa tour géante. Mais les séries pour les gosses sont plus cohérentes au plan scénaristique que les films malhabiles de Shinkai, lequel surfait aussi sur la mode du voyage temporel dans Your Name.
Ici, l'échange des corps n'implique pas de voyage temporel et il est justifié par un baiser, un passeur d'âme et un moyen de nouer une intrigue entre la réalité d'un phénomène paranormal et la naissance d'une romance amoureuse.
Même la grossièreté primaire et immédiate avec laquelle le héros de Your name s'inspire de la soudaineté grossière du héros Yamada qui a pour premier réflexe de tâter la poitrine et puis son entre-jambes. Au passage, le premier truc serait plutôt l'entre-jambes dans une telle situation perturbante. Mais, au moins, dans Yamada et les sept sorcières le ton adopté par la série justifie cette grossièreté sans apprêts, alors que la touche voulue délicate et réaliste de Shinkai ne colle pas avec le truc.
En tout cas, l'histoire de Yamada et Urara a du charme. Il y a une magique touche avec beaucoup de potentiel.
Mais j'y ai vu deux problèmes.
Le premier problème, c'est le premier échange des corps. Le garçon est un voyou qui aime se battre et ne fait rien à l'école, il cherche à s'amuser. La fille est une première de la classe, harcelée et pas mal rejetée par les autres filles, mais qui prend sur elle, se réfugie dans le travail et qui montre évidemment tous les signes du respect des professeurs, on la voit rougir devant le tableau, marcher pas sûre d'elle au milieu de la classe accrochée à ses livres qu'elle serre fort contre elle-même.
Or, ce que je vois dans l'échange des corps, c'est que le garçon devenu Urara a la réserve effarouchée d'Urara, ce qui ne s'explique même pas par le fait qu'en fille il a peur que les garçons lui courent après. Non, sa personnalité en fille est directement féminine, c'est une fille qui s'extériorise, mais c'est une fille dans l'âme, on le voit tout de suite, ça m'a vraiment frappé comme anomalie, et c'est aggravé par le travers équivalent pour Urara dans la peau du garçon Yamada. Purée, elle chope Yamada en fille par le col en le menaçant. Elle est impassible, trait de caractère qui resterait d'elle, mais ce n'est pas cette impassibilité qui la caractérisait, et surtout là elle montre plutôt le calme imperturbable d'un gars qui assure et qui serait un peu un bad boy solitaire. Le truc ne marche pas du tout. Malgré ce défaut énorme qui devrait couler tout le premier épisode, on s'y plaît quand même. Malgré les distorsions sensibles de leurs personnalités, les héros sont attachants, les situations sont comiques.
Le second problème de la série, outre que les autres personnages rentrent dans des moules clichés convenus de l'animation japonaise, c'est que le récit est plombé par une sorte de constance des dialogues paisibles et un manque d'action évident. C'est des gens qui parlent et voilà voilà. Il y a un esprit gag qu'on peut rapprocher du modèle de Ranma 1/2, mais nous sommes passés à l'ère des réunions d'élèves dans un club qui parlent presque statiques. C'est le bureau des phénomènes paranormaux qui a ses petits secrets et son quotidien trivial, on est dans toutes les séries dans le genre de La Mélancolie d'Haruki Suzumiya. C'est bien dommage, car la série avait un tout autre potentiel que ça dans son postulat de départ. Enfin, les personnages sont marrants, parce qu'excessifs et malicieux, mais il y a aussi un peu de vacuité. La fille Urara accepte de tricher sans problème et d'échanger son corps pour faire les rattrapages à la place de Yamada en fournissant donc des efforts sans contre-partie. Et voili voilou ça se fait et les choses suivent leur cours. Autant on peut admettre des anomalies telles que le manque de réaction de la classe quand Yamada en fille interrompt le cours et attrape Urara en garçon, sachant qu'ils ont des humeurs inverses et que l'inversion doit ici choquer tout le monde, car ces anomalies permettent de ne pas hypothéquer les suites du scénario, autant c'est embêtant que les personnages aient un manque de consistance psychologique, vu qu'on veut nous intéresser à leur devenir.
Mais cela reste trois premiers épisodes divertissants, j'attends encore les sorcières...

davidson
5
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le 25 févr. 2020

Critique lue 534 fois

davidson

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