You didn't convince me
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le 10 janv. 2019
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À quel moment a-t-on décidé qu’un stalker psychopathe pouvait devenir un sex-symbol ? You a répondu à cette question avec une audace quasi malsaine. Portée par Penn Badgley, la série de Netflix nous plonge dans la tête d’un prédateur à la voix suave, Joe Goldberg, un libraire qui fait de l’obsession un art et du meurtre une seconde nature.
Une montée en puissance… et en folie
Si You avait démarré comme une romance toxique teintée de thriller, elle a progressivement muté en quelque chose de plus vaste et plus vicieux. Saison après saison, la série a pris de l’ampleur, ne se contentant plus d’un simple jeu du chat et de la souris entre Joe et sa nouvelle victime. La dernière saison, en particulier, marque un sommet dans l’évolution du personnage, transformant la série en un miroir de plus en plus noir de son narcissisme dévorant.
Mais le vrai choc, c’est Love. Jusqu’à la fin de la saison 2, on croyait Joe seul maître à bord, orchestrant sa perversion avec un talent presque artistique. Et puis, bam : Love Quinn, l’innocente proie, se révèle être son alter ego. Ce retournement de situation a donné un second souffle à You, évitant la redite et piégeant Joe dans son propre jeu. Il voulait une romance ? Il a trouvé son double, et c’est à ce moment précis que la série a prouvé qu’elle pouvait surprendre.
Un thriller qui flirte avec le grand public
Si You sait captiver, elle peine parfois à aller au bout de son concept. L’exploration psychologique de Joe est fascinante, mais la série préfère souvent les rebondissements rocambolesques à une plongée plus abyssale dans les ténèbres de son personnage. Il y a là un potentiel de thriller psychologique noir, dérangeant, qui est parfois bridé par une volonté de rester accessible au plus grand nombre.
Et pourtant, quel personnage ! Joe Goldberg est à la fois séduisant et profondément repoussant, une contradiction ambulante qui nous fait osciller entre fascination et répulsion. Badgley l’incarne avec une intensité rare, lui donnant une humanité troublante tout en laissant affleurer la monstruosité sous le vernis. Son monologue intérieur, toujours aussi brillant, est un délice de cynisme et de mauvaise foi qui transforme chaque épisode en un exercice de manipulation.
Une série qui se renouvelle… mais jusqu’à quand ?
Malgré son intelligence narrative, You court le risque de l’essoufflement. Chaque saison réussit à proposer un nouvel angle, mais combien de fois Joe pourra-t-il recommencer son cycle infernal avant que l’effet de surprise ne s’évapore ? La dernière saison a su éviter cet écueil en allant encore plus loin dans l’étude du narcissisme et de l’auto-illusion. Mais si la série veut durer, elle devra oser s’assombrir davantage, au risque de perdre une partie de son public.
Obsessionnel, addictif… mais pas assez sombre
Avec son antihéros fascinant et son écriture acérée, You reste un thriller addictif qui sait comment captiver. Mais elle gagnerait à plonger encore plus profondément dans les ténèbres de Joe, au lieu de s’arrêter à la surface de sa noirceur. Une série qui a du mordant, de l’audace… mais qui pourrait encore aller plus loin.
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il y a 2 jours
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