Son dernier coup d'archet
Shigatsu wa Kimi no Uso a certainement été le manga et l'anime pour lequel j'ai eu des attentes extrêmement élevées. Rien que les premiers épisodes annonçaient la couleur de ce qui allait se produire, et c'était à chaque fois avec une boule dans le ventre que je lisais les scans, puis regardais les épisodes. Et... je ne sais pas vraiment quoi dire.
En réalité, il m'est difficile de repenser globalement à ce manga, à cet anime. Rien de ce que j'ai pu regarder dans ma vie n'a su me bouleverser et rompre mes sentiments, comme l'a fait Shigatsu. Si résumer n'est pas mon but, puisque vous avez le synopsis sur l'accueil, je ne pourrais pas commencer sans présenter succinctement l'histoire : on y suit Arima Kousei, virtuose du piano, qui a décidé d'abandonner le piano après la mort de sa mère, qui était également sa tutrice, puisqu'il ne peut plus entendre le son de son propre jeu. C'est en rencontrant Miyazono Kaori, qui le forcera à se relancer dans le monde musical, que le jeune homme va redécouvrir la musique.
Pour faire simple, je vais commencer par les défauts de la série, qui lui sont continuellement reprochés par ses détracteurs, qui ont tout à fait raison de ne pas être convaincus par ces défauts, qu'on soit clair. Le ton de l’œuvre est un peu forcé, ainsi que son écriture : on a des personnages qui sont bien dans leur rôle à eux et qui représentent un caractère bien précis : c'est extrêmement visible, aussi bien pour Kousei que pour Kaori, par exemple. D'autant plus que l'on peut tout à fait contester le fait que les protagonistes n'ont que 14 ans (mais ça, je ne l'ai vraiment pas trouvé dérangeant). D'autre part, le death flag y est levé extrêmement tôt, puisqu'on peut aisément deviner la direction finale du manga, dès l'épisode 4. On pourrait ajouter les interludes comiques qu'on trouve au début, mais il faut noter que ceux-là tendent très rapidement à disparaître pour laisser le véritable ton de l’ouvre transparaître. Dans tous les cas, un scénario cliché, c'est ce qui ressortirait le plus, selon moi.
Mais comme le dit Kousei « être un peu cliché est bon », puisque, quoiqu'il en soit, l'écriture et le développement ont été extrêmement bien soignés. Les relations qu'entretiennent les personnages entre eux sont tout à fait symboliques de ce que le manga veut faire passer. Un message est évidemment caché tout le long, entre les lignes, et bien qu'il ne soit pas difficile à déchiffrer, il annonce directement la couleur. Certes, on est en présence d'une ode à l'amitié, à l'amour et également à la musique. Mais le véritable choc est celui du final. Tandis que de nombreux animes dans le même genre se finissent sur un happy end assez forcé, irréaliste, voire même absurde, Shigatsu ne montre que la froide et placide réalité. Clannad avait proposé un happy end, même si le ton est résolument triste. Shigatsu donne quelque chose de triste dans l'épisode 21. L'épisode final 22, bien que globalement plus léger, est tragique au plus haut point (toutefois, il faut relativiser cela dans l'anime, qui donne des couleurs plus optimistes à l'épilogue, en choisissant un parti-pris légèrement différent du matériel d'origine).
En dehors d'un développement maîtrisé, la réalisation technique est très appréciable. Le style graphique ne s'étend pas forcément sur tous les détails, mais la palette de couleurs est maîtrisée, servant à merveille le propos de l'anime. Tout comme la bande-son. Celle-ci est de qualité, et offre quelque chose qui a été travaillé, ce qui est très appréciable dans un anime justement comme celui-là. Les interprétations des différents morceaux sont très nuancées, et d'une symbolique très forte, particulièrement Introduction and Rondo in Capriccioso de Saint-Säens, Liebesleid de Kreisler-Rachmininoff et la Ballade op. 23 n°1 de Chopin, que ce soit pour les interprétations solos ou en duo.
Mon regard est sûrement biaisé, par mon passé et par mon côté musicien, mais pour moi, Shigatsu représente l'apothéose quant à ce que représente réellement la musique. Je n'ai jamais pu poser ce qu'était réellement la musique pour moi, et Shigatsu l'a fait. La musique, c'est ce qui parle à notre place.
Au final, je me sens plutôt vide, maintenant que tout cela est terminé. Shigatsu a rempli toutes mes espérances, et bien plus encore. J'ai adoré suivre Kousei et tous les autres. J'ai adoré leurs petites histoires, leurs peines, leurs rires, leurs douleurs. Et tac, voilà que ça s'arrête. Plus de cerisiers, plus de martèlements de touches. Juste l'image la plus évocatrice qui soit, pour conclure.
Pas de second visionnage de prévu, je pense que ce que je tire actuellement est bien satisfaisant. Sans conteste, un grand Chelem dans mes classements personnels : meilleur manga, meilleur anime (ex-aequo, pour le coup), meilleur personnage féminin, meilleures interprétations musicales dans un anime de musique. Pas besoin de donner de note, je pense.
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