PAS UNE CRITIQUE!
OAV1: A rather nice addition. 3/5 OAV2: This was... not really interesting. I didn't even remember this anecdotal chapter. At least, it was slightly funny. 3/5 Overall score: 6/10 Plaisir: 3/5
Par
le 12 févr. 2020
Partie 1 :
https://www.senscritique.com/bd/Yu_Yu_Hakusho/critique/137125627
Partie 2 :
https://www.senscritique.com/serie/Yu_Yu_Hakusho/critique/31423251
Dernière partie de ma critique sur le manga Yu Yu Hakusho. Obligé de la couper en 3 parce qu'on est plus à l'étroit dans l'espace critique que dans un sweatshop vietnamien en phase de dératisation.
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Surprenamment l'arc des 3 rois, tristement célèbre pour sa fin tronquée, est aussi l'un des plus riches en révélation à propos de ce cher Hiei et s'avère crucial à la déduction de la thématique qui depuis sa naissance plane sur son existence tragique.
Cet arc marque donc le retour de Hiei dans son chez soi qui n'en est pas vraiment un : le monde des ténèbres.
Ainsi au fil des rencontres le voile se lève sur la chaîne de malheur à laquelle s'apparentait la vie du jeune démon jusqu'à ce ne nous ne croisions son chemin.
Née d'une union taboue au pays des femmes des glaces qui n'accepte pas la présence de figures masculine juger de mauvais augure Hiei est dès sa naissance sacrifier par son entourage afin d'assurer la prospérité de cette contrée ou les cœurs comme les gens semblent de glace. Sa mère Yuri meurt en lui donnant la vie achevant de condamner Hiei à la solitude dès son plus jeune âge au sein d'un monde en apparence largement gouverné par le concept d'anomie et soumis à la loi du plus fort.
Bien qu'encore un nourrisson à cette époque Hiei possède déjà un niveau de conscience surdéveloppé et garde en mémoire chacun de ces évènements.
Et alors qu'il est précipité vers la mort de la main de Yuira, la plus proche amie de sa mère, l'absurdité de son existence le frappe et dans ce noir complet qui l'enserre une flammèche éclaircie ses pensées quelques instants sous la forme d'une question :
Quelle est ma raison d'être ?
Nous touchons enfin ici du doigt la thématique principale lié à Hiei et avec elle la clé qui nous offrira l'occasion de pénétrer sa philosophie.
Cette question philosophique connexe et somme toute fondamentale reste en général au second plan dans la vie de la plupart des individus, chacun se devant avant tout de réagir de façon plus ou moins immédiate aux stimuli de sa vie quotidienne. Cependant pour Hiei qui se voit marquer au fer rouge par cette question dès sa naissance dans un contexte où la vie est précaire cette quête de sens va influencer durablement sa prise de décision et cela même si son caractère désintéressé ne le laisse pas toujours deviner.
Pour répondre à cette question tout un chacun commencerait à réfléchir à son environnement/entourage afin de mettre consciemment du sens dans les choses qui l'entourent pour ensuite pouvoir décrypter ce sens à la recherche d'élément de réponse.
Seulement, lorsque cette question lui apparaît pour la première fois Hiei ne possède rien, rien à l'exception de sa haine envers ceux qui ont voué sa vie à l'enfer.
C'est ainsi que Hiei trouvera sa première raison d'être qui se trouve être plus précisément dans ce cas-là une raison de survivre, une raison pour survivre : la vengeance.
Hiei fait le serment de revenir massacrer jusqu'au dernier les habitants du pays qui lui ont tout pris.
Pour ce faire le jeune démon se fait greffer le Jagan, un troisième œil qui lui octroie un puissant don de clairvoyance qui l'aide à localiser ce qu'il désire mais ce nouveau talent à un prix et Hiei se verra en échange déposséder de sa puissance naturelle qui se trouve être le dernier atout qui le caractérise. On peut y voir ici une symbolique assez évidente, Hiei est prêt à renoncer à tout pour trouver un but à son existence.
L'on comprend alors que dès l'instant où il poussera son premier soupir Hiei ne sera que trop conscient que cette raison d'être est ce qui est amené à le faire se tenir sur ses jambes. Ainsi découvrir une nouvelle flammèche à poursuivre dans les dédales obscurs de son esprit deviendra la quête d'une vie à laquelle il essayera tant bien que mal d'insuffler du sens.
Car en effet au grand dam de notre cher démon ses flammèches ne brillent pas éternellement et la perspective de se retrouver à nouveau dans le noir prévient de sa fin imminente.
La flammèche de la vengeance sera la première à s'estomper en même temps que la colère qu'il a nourri envers les habitants du pays des glaces.
Après plusieurs années d'errance et de combats meurtriers Hiei localise enfin le royaume élusif mais il ne trouve sur place que des femmes inquiétées de tout et réalise qu'il n'a plus le désir de porter atteinte à la vie de ses bourreaux.
Cependant sur place il apprend ne pas être le seul enfant de sa mère, il a une soeur : son nom est Yukina.
Alors que la première flammèche vacille une deuxième se met à danser devant ses yeux : Hiei part à la recherche de sa sœur.
Ayant appris que celle-ci a été enlevé par des trafiquants de démon il fait route vers le monde des humains.
Seulement une fois que Yukina est mise hors de danger Hiei refuse de lui révéler leur lien familial et se maintient à bonne distance de la jeune fille. A cet instant le caractère tristement "nullificateur" de la pensée de Hiei nous apparaît.
Que ce soit par principe ou par absence de volonté les objectifs que se choisit Hiei, une fois atteint, le ramène inéluctablement à lui-même, il le ramène à l'absence de sens, au néant absorbant qui fait corps avec son existence.
Tout comme Hiei n'a pas voulu retrouver Yukina dans l'idée de reconstruire avec elle un semblant de vie de famille, les nouveaux objectifs que se fixe le démon ne sont avant tout pour lui que des prétextes pour rallonger sa vie et non pas des opportunités qui viendrait naturellement l'enrichir.
Ainsi par l'esthétique de vie qu'il s'est choisi Hiei vivote de combat en combat qui marque son existence de soubresaut, rare moment qui lui permettent d'éprouver sa valeur, valeur qui pour Hiei reste jusqu'au bout largement synonyme de puissance.
Il est, comme on nous le dit au début du tome 18 dans le chapitre qui lui est consacré, "un être à la dérive", sans chez soi, sans attache et sans but.
Face à ce constat, en apparence des plus mornes l'on pourrait être tenté d'argumenter que sa rencontre avec Yusuke aura été l'élément perturbateur qui amènera ce bon Hiei a changer définitivement son esthétique de vie délétère. Certes cette dernière se verra modifiée sur une période donné par sa rencontre avec le jeune furyo mais sans pour autant que cette liaison ne vienne jamais supplanter sa philosophie de "retour au néant" et un moment en particulier nous permet d'en être certain.
Il s'agit à mes yeux du passage le plus important et fascinant du parcours psychologique de Hiei et se trouve être l'aboutissement de cette pensée propre à nullifier la plupart de ses expériences.
Dans le chapitre 160 Hiei est confronté à Shigure par l'intermédiaire de Mukuro, un des quatre rois du monde des ténèbres, qui souhaite mettre sa puissance à l'épreuve.
Shigure n'est pas un inconnu pour Hiei il s'agit du chirurgien qui lui a greffé son troisième œil et a ainsi participé à le lancer dans sa quête insatiable de sens.
En route vers son nouvel objectif Hiei est une fois de plus rappelé à lui-même par la vision d'une figure de sa propre mythologie.
Sauf que cette fois-ci la situation se trouve être légèrement différente car cette fois-ci la lassitude et la flamme déjà vacillante de son objectif du moment vont amener Hiei à s'abandonner corps et âme au néant, à retourner au noir complet, en d'autres termes Hiei pourtant caractérisé par son incroyable résilience va pour la première fois de sa vie se résigner face à la mort.
Le duel ne dure qu'un instant mais ses participants font montre d'une grande technicité témoignant de l'affrontement de haut niveau auquel nous sommes en train d'assister.
C'est sans aucun doute l'un de mes combats préféré de tout le manga ne serait-ce que pour l'impressionnante charge émotionnelle qu'il parvient à canaliser en ces quelques échanges de coups.
Hiei se lance dans la bataille avec un mépris singulier pour sa propre vie qui est illustré d'abord par le sacrifice de son bras puis par l'absence volontaire de réaction lorsque son adversaire menace de lui ouvrir le ventre.
Le combat se solde sur une victoire de Hiei qui se révèle être de courte durée lorsque l'on réalise que ce dernier git dans son propre sang et s'apprête à perdre conscience.
A l'article de la mort Hiei nous fait parvenir ce qui aurait dû être ses dernières pensées un tiers parti n'en ayant décidé autrement :
"Pas mal, mais... Cette résignation ne me ressemble pas... Depuis quand suis-je comme ça ? Oui, depuis quand ?"
A cet instant Hiei a atteint ses limites, les limites de sa pensée comme les limites de sa force. Il ne veut plus et ne peut plus concevoir de suite à son histoire il est las, épuisé de cette recherche à la finalité artificielle et stérile.
Et comme si cet ultime combat ne suffisait pas à sonner le glas de son existence Mukuro qui a observait la scène remet à Hiei pour récompenser sa victoire la pierre de Hirui. La pierre en question est la raison même pour laquelle Hiei cherchait à regagner le monde des ténèbres, il s'agit d'une pierre que sa mère lui a fait offrir alors qu'il n'était qu'un bébé et qu'il avait malencontreusement égaré.
Mais surtout à ce stade du récit la recherche de cette pierre d'Hirui est le dernier objectif que s'est trouvé Hiei pour justifier sa survie.
En accord avec ces dernières réflexions Hiei refuse nonchalamment le présent de Mukuro et se laisse aller vers la mort.
En agissant ainsi Hiei nous délivre son ultime message et la preuve finale que sa quête a pris fin, quête dont il avoue enfin ouvertement la nature hautement superficielle. Avec ces derniers signaux qu'il nous envoie on comprend que Hiei reconnaît tout le pathos de la vie qu'il a mené, des problématiques qu'il a voulu insoluble le poussant à déprécier un futur dont il a préjugé l'insuffisance à tort ou à raison.
Cependant que l'on ne si trompe pas à la différence de Toguro qui s'est construit une personnalité mensongère sur la base d'un unique événement traumatique jamais Hiei dans son parcours ne choisit d'endosser le rôle de victime pour accommoder sa perception du monde à ses propres désirs et c'est justement selon-moi la gestion qu'il fait de l'élément dramatique dans sa propre vie qui est à la base de son unicité. Dire que Hiei a eu une vie difficile serait un euphémisme. Hiei a eu une vie bien peu enviable, marqué par la violence, l'amertume et le rejet mais jamais s'en est-il plaint ou a-t-il usé de cet état de fait pour justifier son mauvais traitement d'autrui ou par autrui. Pas plus n'a-t-il forcé son caractère maussade espérant secrètement que quelqu'un lui tende la main.
A la face de ce calvaire, cette esthétique de vie il ne l'a pas subi il l'a embrassé pour devenir Hiei le démon au troisième œil, solitaire indifférent à ses blessures, l'unique et intriguant enfant du néant.
Ainsi sa vie, privé de son caractère dramatique inhérent par son propre comportement, n'aura connu ni apothéose ni martyrs mais est-ce que cela semble déranger l'intéressé ? Pas le moins du monde.
De bout en bout ce noir aussi étouffant puisse-t-il être Hiei l'a porté avec une élégance rare. Ce malheur il l'a en quelque sorte esthétisé, il en a fait une part intégrante de sa figure. Voilà pourquoi j'insiste à le surnommer l'enfant du néant et à souligner le sens profond de ce sous-titre car le néant il en est bien l'enfant et non pas l'esclave, et lorsque l'on prend conscience de cela sa solitude comme sa résilience s'en retrouve sublimée porteuse d'un message entier qui offre plus de sens à son existence que ce cher démon asocial n'en aurait jamais demandé.
Pour le lecteur attentif l'histoire d'Hiei a un sens et un plutôt fascinant avec ça et j'espère à travers ces lignes en avoir convaincu quelques-uns d'entre vous à défaut de pouvoir en convaincre le principal concerné.
...
Hiei aurait bien pu mourir ici que son histoire n'aurait rien perdu de son intérêt à mes yeux.
Et après cette belle tirade et ce final signifiant l'on s'attendrait presque à ce que cela soit le cas mais comme je l'ai laissé entendre quelques lignes plus haut un tiers parti ne l'entend pas de cette oreille.
En effet alors qu'il est à l'article de la mort Hiei est sauvé par Mukuro qui lui donne une nouvelle raison de vivre en le mettant à son service.
Mukuro est un être qui a lui-même été esquinté par la vie et en a expérimenté personnellement les travers les plus ignobles (viol, esclavagisme...). A l'origine une femme au physique remarquable comme nous le laisse deviner les traits de son visage épargné par l'acide elle est sans doute l'un des personnages du manga qui porte les stigmates de ses traumatismes de la façon la plus ostentatoire ayant été défiguré à jamais par son précepteur sadique.
Au cours du dernier chapitre à suivre les aventures solitaires de Hiei, le chapitre 172 "Special day" ce dernier se décide à punir l'homme responsable des tourments de Mukuro après s'être moqué de la jeune femme pour avoir fait de son passé traumatique la source de sa force actuelle.
A la fin du chapitre Hiei apporte en cadeau à Mukuro le corps de son ancien tortionnaire et cette dernière lui témoigne son affection. L'on comprend alors qu'une plus profonde relation est en train de naitre entre Hiei et sa nouvelle partenaire qui se trouvent rapprochés par leurs rapports respectifs à la souffrance, Hiei jouant ici le rôle de thérapeute.
Par ce dernier retournement l'histoire de Hiei échappe à une fin tranchée et définitive pour laisser place à une fin plus ouverte qui nous laisse songeur sur l'avenir de l'enfant du néant.
On pourrait également argumenter par rapport à ce dernier événement que le vécu de Hiei a au final permit de venir en aide à une personne qu'il était le plus à même de comprendre donnant du même coup un sens à sa propre existence singulière bien que Hiei, comme à son habitude, ne semble pas en faire grand cas.
Meilleure ou moins bonne que la fin au sujet de laquelle j'ai disserté plus avant cette fin ouverte ne vient pas fondamentalement bouleverser les thématiques propres au personnage et m'aura surtout permis de profiter un peu plus longuement de la présence de Hiei dans notre histoire.
Fin intéressante et honnête l'on ne peut cependant pas lui associer le même sentiment de finalité qu'apporte la mort du démon à son propre parcours.
Certains préféreront d'autres verront peut-être là une occasion manquée, je dois avouer que pour ma part je reste assez neutre sur la question.
Sur ces bonnes paroles notre long détour arrive à son terme et puisque j'ai épuisé quelques paragraphes plus haut mes dernières tournures de phrase conclusives je vais tout simplement vous inviter à reconnecter les wagons afin que l'on puisse enfin aborder la dernière partie de cette critique qui, je le réalise maintenant, a déjà occupé bien trop de mon temps libre.
Bonne année mon vieux.
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Nous y voilà enfin, le scandale, le cataclysme, la tragédie, l'occurrence qui a l'eau courante (la fatigue), le légendaire bijou inachevé (oui, oui, oui) : l'arc des 3 rois.
Tristement célèbre pour sa fin tronquée l'arc des 3 rois conclu Yu Yu Hakusho de façon presque aussi mémorable que son déroulement jusqu'à ce point et aura sans aucun doute participé à faire rentrer le manga de Togashi au panthéon des œuvres les plus marquantes de son époque de façon peu conventionnelle.
Notre nouvel arc se concentre sur les différentes facettes du monde des ténèbres et nous invite successivement à découvrir la vie de ses représentants, les 3 rois, Mukuro, Raizen et Yomi à travers le regard de trois des quatre membres de notre quatuor, Hiei, Kurama et Yusuke.
Entre complot politique et révélation intime notre histoire suit son cours chacun étant persuadé que ce n'est qu'une question de temps avant que les ex-camarades ne se retrouvent face à face sur le champ de bataille. Seulement c'est sans compter sur le caractère imprévisible de Yusuke qui, après la mort de Raizen, propose d'élire le seul et unique roi du monde des ténèbres par la tenue d'un tournoi d'arts martiaux à l'échelle gargantuesque.
Lecteur du Shonen Jump, fan de Yu Yu Hakusho ou pas, il y a en lisant ces lignes légitimement de quoi être excité pour ce que nous réserve le futur de ce manga qui a déjà témoigné par le passé de sa capacité à subvertir les attentes.
Étant au fait du sort qui attend notre histoire j'écris bien évidemment ces lignes avec un sourire amer et pourtant malgré cela je ne peux m'empêcher d'être à nouveau hypnotisé à chaque relecture par les nombreux et fascinants développements que nous propose cet arc.
Je dirai même plus, toutes les péripéties antérieures au fatidique combat opposant Yomi à Yusuke qui marque la fin abrupte du tournoi, nous sont présenté avec une telle maitrise qu'il est difficile à la première lecture de remarquer l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes.
De nouvelles thématiques cohérentes avec le vécu des personnages et passionnantes par leur implication sont introduites sans malheureusement être toujours développé jusqu'au bout. Je pense notamment à la thématique du rapport au père qui plane sur tout cet arc porté d'abord par la relation conflictuelle qu'entretient Yusuke avec son père démoniaque Raizen qui meurt sous ses yeux et se trouve ensuite mise en parallèle avec l'émergente relation père-fils entre Yomi et son propre enfant qui rapproche Yusuke et le roi de façon particulièrement intéressante et ingénieuse à la veille de leur affrontement.
Au même moment des pans entiers de l'univers nous sont révélés au cours d'un flashback, ou au détour d'une conversation, l'univers de Yu Yu Hakusho gagnant presque plus en richesse et en profondeur au cours des trois tomes qui constituent ce dernier arc qu'au cours des 17 autres qui l'ont précédé. Pour ma part c'est surtout la façon dont l'on traduit l'immensité du monde des ténèbres et la nuance apportée au niveau de puissance qui a tendance à me frustrer. L'on nous fait clairement comprendre que cette dimension est au moins aussi vaste que la nôtre, possède ses propres structures politiques et sociales et que l'on n'a finalement qu'une idée très vague du niveau de puissance maximale que ses habitants peuvent atteindre. Certes ces révélations laissent une large place à l'imagination ce qui n'est pas un mal en soi mais elles auraient tout aussi bien pu être le point de départ d’une exploration en bonne et due forme d'un monde qui ne nous a manifestement livré que peu de ses secrets.
D'un autre côté les manigances politiques et plus généralement toutes les affaires qui permettent, entre autres, de préparer le terrain pour rendre envisageable la mise en place du tournoi sont narrés à la perfection et absolument jouissive à suivre. Elles le sont d'ailleurs d'autant plus qu'elles tirent parti de façons fort intelligentes des forces et faiblesse de Kurama, Hiei et Yusuke et les amènes à faire appel à tout leur talent pour résoudre des problématiques complexes, aux multiples ramifications qui ne peuvent être résolues par l'emploi d'un unique attribut (force, intelligence, ténacité etc…). Cela est tout particulièrement vrai en ce qui concerne les agissements de Kurama au sein du gouvernement de Yomi qui va se retrouver au cœur de machination politique contraignante ce qui va bien sur donner à Kurama l'occasion de briller une dernière fois par sa grande perspicacité. Il s'agit à mon sens d'une approche très Togashi-esque du récit qui m'a quelque peu rappelé l'arc des élections de Hunter x Hunter dans sa manière de faire d'une situation à première vue peu engageante scénaristiquement un "jeu" à part entière et passionnant par la profusion de facteur et de détail à prendre en compte pour espérer en sortir victorieux.
Je pourrai aussi vous parler de l'évidente maturité qui transparaît à travers chacun des personnages principaux et nous offre quelques trop rares passages d'échange fraternel ou amoureux qui porte en eux une justesse et une authenticité à toute épreuve. Je pense en particulier aux deux fantastiques chapitres 156 et 157 "A chacun sa décision" et "Rencontre avec le père" qui amène non sans un certain lyrisme vers sa conclusion naturelle la relation Keiko/Yusuke ainsi que les relations interpersonnelles du quatuor légendaire.
Le meilleur exemple de cette ultime transformation se trouve sans doute être Kuwabara qui voyant ses trois frères d'armes s'éloigner de plus en plus de lui par leurs choix de vie donne une réponse différente que par le passé à son dilemme personnel :
Entre la rivalité inspirante qu'il entretient avec son ami de toujours Yusuke et ses ambitions personnelles que choisir ?
Les circonstances ont changé au même titre que l'individu qui se pose à nouveau cette question. Ces deux raisons d'agir ne s'alignent plus aussi bien que par le passé et cet ancien accord devenu contradiction réclame maintenant une nouvelle réponse. Ainsi Kuwabara fait preuve de sagesse et comprenant ses propres limites se retire de la course à la puissance pour privilégier les études afin de s'assurer un futur plus stable.
Et bien que chacun parte de son côté chacun le fait en étant pleinement conscient de ce qui le définit et le motive en tant qu'individu. Le temps des hésitations est derrière nous et l'on sent qu'à cet instant dans cette pièce se trouvent 4 jeunes hommes qui ont muri et ont à présent la résolution nécessaire pour tracer leurs propres voies. L'expression sincère d'un instant décisif.
Il s'agit d'un moment court mais particulièrement signifiant qui rappel à ceux qui l'auraient oublié que Yu Yu Hakusho est avant tout l'histoire d'individus distincts à la forte personnalité qui ont un temps fait équipe plutôt que l'histoire d'une équipe soudée qui se retrouve tragiquement séparée due aux devoirs et à la forte personnalité de ses membres.
Ceci étant dit pour les nombreuses propositions fortes alléchantes que fait ce dernier arc aussi bien du point de vue scénaristique que thématique il y en a une que je trouve assez ambigu et je dois dire que je suis plutôt ravi de pouvoir enfin l'aborder car je n'ai encore vu personne se montrer critique à son égard.
Il y a, au-delà de toute considération de « fin tronquée », une thématique qui pointe son museau dans les derniers chapitres du manga et qui a attisé ma curiosité par sa mise en place.
Tout commence par une confession de Kurama à Kuwabara qui lui révèle que le portail entre le monde des humains et celui des démons restera à présent ouvert et que les humains doivent donc se préparer à la cohabitation avec ces nouveaux arrivants. La raison principale à cela se trouve être que les instances célestes ont poussé un grand nombre de démon à commettre des crimes pour se rendre indispensable aux humains et ainsi asseoir légitimement leur autorité sur les dimensions. Un nouveau paradigme de l'univers de Yu Yu Hakusho nous apparaît alors et tend à amener chacun à revoir son jugement moral concernant les engeances démoniaques.
Cette idée se heurte néanmoins à un contre-argument de taille en la matière de l'arc du tournoi des ténèbres. En effet au cours de cet événement l'on constate le comportement naturellement belliqueux de centaines de démons à l'encontre des humains qui n'ont d'autre souhait que de vouloir voir réduit en charpie le groupe de Yusuke pour la simple raison que ces derniers n'appartiennent pas à leur monde. Il est alors difficile dans ce contexte de faire croire à qui que ce soit que la seule raison derrière le comportement de cette multitude se trouve être les expérimentations mentales menées par les instances célestes sur certains de leurs ennemis.
Loin de décrédibiliser l'univers du manga et somme toute forte intéressante au demeurant cette idée bizarrement amenée aura tout de même eu le mérite de me pousser à me questionner sur la raison derrière ce changement de paradigme de dernière minute.
Une réflexion qui m'a amené à réaliser que les œuvres de Togashi ont une certaine tendance à faire de l'aliénation à outrance de certains groupes et l'autorité suprême et absolue que se réservent ceux qui les condamnent les deux faces d'une même pièce. L'interaction de ces deux parties nous amenant le plus souvent à prendre conscience d'un système politique et moral insuffisant et plein de nuance qui régit malgré tout l'univers dans lequel il opère.
On pourrait citer par exemple l'arc Chimeras Ants dans Hunter x Hunter qui met en parallèle l'humain (autorité suprême) et le monstre (groupe aliéné) sans pour autant minimiser ni le caractère sanguinaire des fourmis chimère ni le potentiel destructeur de l'humanité. Le Black Book Club dans Yu Yu Hakusho fait lui aussi écho à une comparaison similaire avec son esclavagisme assumé d'une espèce qui nous est longuement présentée comme ayant un attrait naturel pour la violence.
De faire de la confrontation avec l'ennemi une occasion d'exposer les vices de sa propre organisation sans pour autant tranché explicitement sur la justesse de l'action des deux camps et sans doute une des raisons pour lesquelles les univers de Togashi apparaissent comme plus grave et complexe à nombre de personnes. En effet ces derniers n'épargnent pas à leur lecteur les complications de leurs mondes modernes.
Bref, bien que j’ai quelque peu digressé sur la fin vous l'aurez sans doute compris à ce stade, ce dernier arc est loin d'être vide, il propose beaucoup de choses et bien qu'il ne va pas toujours au bout de ces idées je maintiens qu'il a beaucoup de mérite pour celles qu'il prend le temps de développer.
Mais les choses sont ce qu'elles sont et ce n'est pas maintenant que je vais réécrire l'histoire.
Ainsi celons la version que l'on connaît, engager dans un arc aux ambitions qui laisse rêveur quant à l'avenir de son manga Togashi en proie à des problèmes d'ordre médical mais ayant surtout perdu la volonté de continuer propose une fin douce-amère à l'œuvre d'une génération.
D'un chapitre à l'autre le tournoi des tournois prend fin et nous voilà catapulter un an plus tard dans le monde des humains avec seulement quelques chapitres à l'intérêt très variable nous séparant de la fin de cette tumultueuse aventure.
Que dire ? Que dire ? Que dire que je n'ai pas déjà inclus à ces précédents paragraphes qui par leur longueur me poussent à présent à molester la molette de ma souris pour revenir en première page.
Yu Yu Hakusho a été le manga de mes vacances d'été 2020 et à l'heure où j'écris ces lignes nous sommes fin octobre... Il serait en effet grand temps de conclure.
Cette simple pensée me donne envie de suivre l'exemple de ce bon Togashi et charcuter quelque peu cette conclusion pour m'épargner des efforts supplémentaires.
Sans avoir nécessairement la façon je pense qu'il y a indéniablement un besoin de conclure et d'apporter la touche finale à ce chantier pour que je puisse enfin dignement passer à l'étape suivante (et accessoirement pouvoir me féliciter d'avoir enfin posté une critique sur ce site après deux ans d'inactivité).
Bon...
Malgré tout le bien que j'ai pu dire à son sujet Yu Yu Hakusho n'est pas un de mes mangas favoris mais je comprends à présent mieux que cela soit le cas pour un grand nombre de personne. Particulièrement remarquable pour ses "héros" charismatique et ses affrontements légendaires Yu Yu Hakusho à l'époque rival de Dragon Ball et aujourd’hui encore emblème d'une certaine génération de manga n'a pas volé ses nombreuses couronnes. Togashi débarque dans le milieu des mangas d'action/aventure tels une météorite et le marque durablement par sa narration intellectualisée et ses thématiques sinistres dépeintes avec un réalisme glaçant propres à ses œuvres les plus complexes. Indéniablement moins connu par chez nous que dans son pays d'origine il est néanmoins impossible de relayer au second plan une œuvre au si nombreuses qualités, son aura ne le permettant tout simplement pas.
Et maintenant pour m'excuser de cette conclusion terriblement impersonnelle la véritable fin de votre programme :
Cet épilogue va pour moi être l'occasion de confesser quelque chose : ma lecture de ces 19 tomes ne marque en réalité pas mon premier contact avec l'univers de Yu Yu Hakusho.
En effet il y a de cela plusieurs années maintenant j'avais visionné des nuits durant l'anime de ce célèbre manga.
Cela ne signifie pas pour autant que je me suis contenté de jouer les surpris tout au long de cette critique. Après tout cette expérience remonte à présent à si longtemps que j'en avais oublié la majeure partie. L’on parle d’une époque où j’étais sans doute encore trop jeune et inexpérimenté pour déceler toute la richesse des œuvres qui occupaient mes soirées.
Si j'ai choisi de vous partager ceci maintenant c'est parce que cette mémoire évasive des évènements a donné une saveur toute particulière à ce retour au royaume des esprits. Une impression étrange de connaitre ceux à qui j'avais à faire sans vraiment me rappeler de leur histoire.
Un voyage dans un monde aux silhouettes amicales mais aux visages voilés.
Et ce sentiment étrange s'applique de façon d'autant plus singulière à la scène qui m'a inspiré le titre de cette critique et sur laquelle elle va aussi se conclure.
Une plage, des sourires, des jeunes gens qui batifolent gaiement devant un coucher de soleil.
Il y a déjà bien des années ces mots m'apparaissaient comme dernier visuel de l'anime de Yu Yu Hakusho.
Et aujourd’hui devant ce même paysage bien des années plus tard je pense enfin pouvoir leur donner un sens.
Les souvenirs d'une plage d'été. Des images rémanentes de ce qui a été sur une plage d'été. L'idée d'un souvenir immortel, quelque chose qui à la fois n'est plus mais sera pour l'éternité, voilà le sens que je leur ai trouvé :
Et je suis certain d'une autre chose je ne cesserais jamais de visiter ces univers et de m'y faire des souvenirs dans le but d'en embellir égoïstement ma propre vie, de la romantiser envers et contre tout.
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Ah oui et je vous ai pas dit je compte aussi caler ma parution de critique sur le rythme de parution de chapitre de Togashi donc du coup... On se revoit dans minimums deux ans !
Créée
le 27 oct. 2020
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