Shall we skate?
Yuuri!!! On Ice, c'est l'animé que nous faisait miroiter le Japon depuis presque un an, après une courte mais splendide bande annonce qui m'a vendue en 1,5 seconde. Une jolie musique, un joli design,...
le 22 déc. 2016
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Quand on dit à quelqu’un qu’on est un/une grand(e) fan d’animés, on a toujours droit à la même réaction, une mine mi-amusée, mi-moqueuse. Pourquoi ? Regarder des animés, comme le fait de lire des mangas peut être considéré comme une activité peu digne d’un adulte mature et raisonnable. La faute aux « One Piece » et autres shônen auxquels se résume en général le genre pour les non-initiés. Les mangas ? De l’exagération sur le dépassement de soi, de l’exagération sur les traits des personnages –en particulier les attributs de certaines demoiselles-, de l’exagération lors des scènes d’action, en particulier lorsqu’il est question de robots géants. Bref, tant de clichés et de fausses vérités pour dire une chose : « Yuri on Ice » n’est pas de ceux-là.
Cet animé-là, c’est une mini-révolution dans le paysage de l’animation nippone. Je vous explique pourquoi, avant que vous ne tombiez vous aussi amoureux de cette série, si ce n’est pas déjà fait.
Déjà, il est essentiel de préciser que « Yuri On Ice », c’est une histoire originale, pensée au sein du studio MAPPA, auparavant responsable des très beaux « Sakamichi no Apollon » et « Zankyou no Terror » pour n’en citer que deux. Voir des œuvres originales si peu communes pensées directement par des studios reste suffisamment rare pour être souligné. Personne ne peut spoiler la suite parce qu’il a lu des scans, personne ne peut se plaindre que dans le manga c’est mieux fait. Tout le monde est à la même enseigne pour découvrir un chef d’œuvre naître sous ses yeux et ça, c’est plutôt pas mal !
Mais au fait de quoi ça parle « Yuri On Ice » ? C’est un an dans la vie de Yuri Katsuki, patineur artistique japonais professionnel, pas spécialement sûr de lui et accompli dans son domaine. Il a perdu sa dernière compétition, et se lamente de ne jamais atteindre le niveau de son idole de toujours, le russe Victor Nikiforov. Or, c’est justement lorsque ce dernier va lui proposer de devenir son entraîneur que les choses vont s’améliorer pour le japonais. De compétition en compétition, on va suivre le parcours professionnel et psychologique de Yuri, ainsi que de ses concurrents. Convaincus ? Sans plus ? Normal. Dans les grandes lignes, « Yuri on Ice » est un animé sportif tout ce qu’il y a de plus classique. Pourtant il suffit d’un épisode pour se rendre compte que ce n’est absolument pas le cas. Dans « Yuri on Ice », il n’y a pas de technique ultime plus ultime que la précédente, de mouvement secret qui permettra au héros de remporter la finale à la dernière minute. L’approche que propose cette série du genre est ultra-réaliste, loin de toute exagération typiquement japonaise. Tellement qu’elle pourrait être adapté en série live ou au cinéma sans en changer la moindre image.
Là où Yuri on Ice se démarque également, c’est dans sa finesse. Sa finesse d’écriture surtout. L’intrigue qui se tisse autour de Yuri est toute en retenue, les scénaristes n’ont pas hésité à suivre le parcours psychologique et professionnel de Yuri tout en douceur, sans forcément chercher à ce que chaque épisode le fasse franchir un cap. Sa confiance en lui va et vient selon ses victoires successives, selon les encouragements et la présence de Victor à ses côtés. C’est un héros très attachant, profondément humain. Que l’on parle de Yuri, de Victor, de Yurio, ou même des autres jeunes hommes concurrents, les scénaristes ont veillé à ce que chacun ait un passé, même simplement ébauché. Leurs prestations sur la glace sont le moment où ils se perdent dans leur art, dans leurs pensées, et où leurs sentiments émergent. Cela rend chacun attachant et humain, au même titre que le héros. À tel point que je ne souhaitais pas le titre de champion du monde à Yuri mais à l’adorable russe Yurio ! Qu’il est agréable de voir une série sportive où les concurrents du héros ne sont pas juste des esquisses manichéennes prêtes à tout pour la victoire !
Il faut aussi savoir qu’une surprise de taille a attendu les spectateurs alléchés par la superbe première bande-annonce de « Yuri on Ice » ! Tous ceux qui pensaient voir un simple animé sportif (moi compris), ont été agréablement surpris par le fait que la série repose aussi sur une grande histoire d’amour. Comment ? Mais il n’y a aucune jeune fille en fleur sur l’affiche pourtant ? Et oui… parce que l’histoire d’amour… est une histoire homosexuelle ! Vous pouvez regarder sur des sites de référence comme myanimelist.com par exemple, YOI est défini comme une comédie, un animé sportif, mais jamais comme un Boy’s Love. Quelle agréable surprise ! Yuri comme Victor ne se sont jamais considérés comme ouvertement gays, ne ressemblent ni l’un ni l’autre aux clichés du personnage homosexuel comme on en voit encore trop souvent (malheureusement) dans l’animation. Leur histoire se trace lentement au fil du temps et des épisodes, tout en douceur, en retenue et en tendresse. Alors qu’au début on pensait à du fan service, leurs sentiments respectifs deviennent de plus en plus limpides, sans jamais être trop explicites pour ne pas choquer les plus conservateurs. Ils l’ont fait ! Les japonais ont osé glisser une romance ouvertement homosexuelle dans un de leur blockbuster animé !!! Une romance (j’insiste encore) loin des clichés que nous sert ordinairement le genre Yaoi/Boy’s love ! Rien que pour ça, « Yuri on Ice » a réuni une forte base d’admirateurs. Ce n’est pas grand-chose, mais je trouve personnellement ça révolutionnaire pour un animé japonais.
La série est une série de son temps. Que ce soit par rapport à l’orientation sexuelle de ses personnages ou par rapport à sa vision du monde. Yuri et ses concurrents sont plus de vieux amis que des rivaux depuis toujours. Le patinage artistique, discipline peu répandue, est ce qui les lie, leur passion commune. Lorsqu’ils voient un de leurs concurrents réaliser un beau numéro, il leur arrive d’être aussi émus, touchés que peut l’être n’importe quel spectateur et non pas remplis de sentiments négatifs, déjà occupés à penser combien de points ils devront atteindre pour grimper sur la première marche du podium. International pourrait être le mot le plus justifié pour décrire la série. Canadien, Taiwanais, Coréen, Russe, Tchèque, Italien… les concurrents viennent du monde entier, et nos héros voyagent, visitent plusieurs pays au gré des compétitions. La série a touché de nombreux professionnels qui n’ont pas hésité à en parler sur les réseaux sociaux. Le patineur français Stéphane Lambiel fait même un caméo vocal lors du dernier épisode ! Si ça, ça ne veut pas dire qu’on tient une superbe série internationale sur le patinage artistique !
Et comment parler de « Yuri on Ice » sans mentionner ses nombreuses qualités techniques et artistiques ? Il y a des beaux mecs en justaucorps oui… mais pas que. L’animation est divine, il suffit de regarder Yuri ou Yurio patiner lors des compétitions ou même des entraînements (ici !). Bien sûr certains dessins sont repris dans plusieurs épisodes, mais le montage est tellement bien fait que jamais on n’a l’impression de voir deux fois la même scène. Que dire aussi sur le chara-design, sublime et varié ? Chaque patineur est plus beau que le précédent une fois lancé sur la glace. Autre point majeur, les musiques. Jamais je n’ai vu de série animée avec un background musical si riche. Les thèmes joués lors des prestations sont variés, allant de la balade au piano, à l’électro, en passant par la pop ou la chanson typique de comédie musicale. Si vous avez vu la série je ne peux que vous conseiller d’écouter la trentaine de pistes qui compose l’OST. Certaines sont d’une beauté exceptionnelle (coucou le thème de Yuri qui donne envie de pleurer à chaque fois).
Tout ça pour dire que « Yuri on Ice » c’est une œuvre de son temps belle et touchante. Un animé révolutionnaire qui se moque des codes et des cases pour proposer une vision inédite dans le paysage des séries japonaises standardisées. C’est même un déclencheur de passion. Qui sait si dans quelques années, le numéro un mondial ne dira pas que c’est après avoir découvert l’animé qu’il aura eu envie de se lancer ?
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Créée
le 5 févr. 2017
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