Les meilleurs films de 2021 selon geographe

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Plus qu’un pari réussi le film est un pur moment de cinéma total. Spielberg y insuffle sa mise en scène virtuose mais sans jamais tombé dans l’esbroufe, émule le film de Robert Wise, dialogue avec lui par l’intermédiaire d’un nouveau personnage, Valentina, incarnée par Rita Moreno qui avait incarné Anita dans la version de 1961. Les numéros de danse subliment la musique et chaque passage musical est un morceau de bravoure. La scène de l’escalier est un enchantement et les versions de « I Feel Pretty » et « America » sont à couper le souffle. Chaque acteur brûle la pellicule. Si le talent et l’élégance d’Ansel Elgort ne faisait aucun doute la prestation de la débutante Rachel Zegler est impressionnante.

Spielberg parvient à actualiser les thématiques du film (racisme, immigration, transidentité), montre et même cristallise l'atomisation de la société américaine, cette guerre des pauvres contre les pauvres pendant que la prospection immobilière et la gentrification s’apprête à tous les mettre dehors, sans distinction ethnique.

Plus qu’un chef d’œuvre Spielberg touche une chose rare, la grâce.

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Disons le d'emblée : Lovers Rock, deuxième segment des longs-métrages dirigés par Steve McQueen pour le compte de la BBC et rassemblés dans l'anthologie "Small Axe", est une merveille. Un pur moment de sensualité qui montre la naissance d'une communauté à travers une "Blues Party", soirée clandestine organisée par les Jamaïcains de Londres à la fin des années 70 ne pouvant entrer dans les clubs, parenthèse enchantée dans une société anglaise gangrénée par le racisme.

McQueen réussit à construire un film au plus proche de ses personnages et parvient presque sans scénario, à travers des scènes de danses et de chant à nous rendre visible l'invisible, la communion collective et la construction d'une conscience de classe à partir d'individus étrangers les uns aux autres sans jamais masquer les rapports de forces problématiques internes à la communauté (la culture machiste notamment).

Si à ce discours vous ajouter la naissance tout en sensualité d'un amour montré avec une grande sensibilité vous tenez là assurément un grand moment de cinéma.

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Jennifer Kent parvient à s'extraire du genre dans lequel son film semble prendre racine (le rape & revenge) et évite soigneusement ses dérives pour se concentrer sur les parcours émotionnels de Clare et de son guide Billy. De deux âmes esseulées réunies par unique intérêt, d'abord complètement hostiles l'une à l'autre, ils découvrent au gré de leur voyage une communauté d'intérêts, un respect profond, une amitié et le responsable de leurs malheurs respectifs.

Filmé dans un format 1.37 qui permet de capter la verticalité des décors et de concentrer la plupart des plans sur les visages des protagonistes, au plis proche pour capter le cheminement du deuil de Clare, le retour à sa tradition de Billy et la démence des soldats. En outre, le film s'inscrit dans les débats sociétaux actuels autour du féminisme et de la colonisation de façon radicale, bien loin de la timidité et de la tiédeur, réponse cinglante à ceux qui ânonnent qu'on ne peut plus rien dire.

Porté par des acteurs tous habités (Aisling Franciosi en tête), le film est d'une puissance rare et laisse le spectateur groggy.

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Prenant à revers les archétypes du film de banlieue classique (les récents "Les Misérables" ou "Bac Nord" faits de barres grises, de deals et de violences policières "Gagarine" s'intéresse davantage, à travers son personnage principal Yuri, à un territoire, la cité Gagarine d'Ivry-sur-Seine et à sa communauté. Cité vouée à disparaître et que Yuri refuse de laisser se délabrer davantage et qu'il répare inlassablement à l'aide de son copain Houssam et d'une jeune Rom, Diana.

Combat que le spectateur sait vain car la cité a été détruite en 2019 mais combat d'une importance capitale pour un Yuri orphelin de père et abandonné par sa mère dans l'appartement. La cité et sa communauté sont pour lui son seul territoire et sa seule famille, le lien restant avec ses racines.

Le refus de quitter la cité Gagarine de Yuri, matérialisé par le reconstruction d'un cocon sur le modèle de l'ISS, est le refus catégorique d'être déraciné, envoyé vers un ailleurs inconnu où personne ne semble l'attendre.

Le film passe alors du film social au conte, construit des moments de pure poésie visuelle et d'une intelligence folle dans la mise en scène pour atteindre un climax émotionnel à tordre même les moins sensibles.

Réussir un premier film est une chose. Le réussir avec un tel sens de la mise en scène et une telle intelligence émotionnelle n'est pas donné à tout les monde.

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Il y a dans le film "A l'abordage" de Guillaume Brac quelque chose d'une grande pureté, quelque chose de très beau, qui touche à une certaine vérité dans les rapports humains.

Réalisateur notamment de documentaires le réalisateur, sur un pitch pas si éloigné finalement de l'horrible "Camping", parvient à saisir, dans une lumière baignée de soleil, ce qui se joue entre de jeunes adultes dans un camping du fin fond de la Drôme, soit la drague, les amitiés anciennes ou récentes, l'amour, l'émancipation du cercle familial sans jamais omettre des comportements problématiques (égos, jalousies et masculinité quelque peu mal placée), les rivalités et les rapports de classes.

D'une simplicité lumineuse le film est traversé de moments de grâces infinis (la scène de karaoké ou de baby-sitting au bord de la piscine).
Simplement beau.

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Peut-être une des meilleures scènes d'introduction vue. En 5 minutes le film a fracassé mon cœur et les larmes ont coulé le tout grâce à un regard. Film magnifique de Benh Zeitlin dans la veine de son premier sorti 8 ans plus tôt, "les Bêtes du Sud sauvage" et qui ne font qu'affirmer un style lyrique singulier et une capacité incroyable à diriger des enfants.

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Abolissant dans son prologue tout marqueur temporel contemporain le film nous plonge dans la chambre d’Eloïse, univers fantasmant des années 60 flamboyantes et fétichisées. Eloïse est ainsi coincée dans la nostalgie d’une époque qu’elle n’a pas connu, comme un écho et une critique aux spectateurs contemporains abreuvés de nostalgie 80’s et au fétichisme obsessionnel du réalisateur.

Ainsi sur la base d’un scénario jouant sur le voyage dans le temps Edgar Wright (« Scott Pilgrim », « Shaun of the Dead »,…) construit une variation autour d’un témoin passif car si Eloïse assiste aux événements de la vie de Sandy en s’incarnant dans ses traits elle ne peut intervenir. Convoquant les fantômes du Mario Bava de « Six femmes pour l’assassin » ou du Dario Argento de « Suspiria » le film est un tour de force visuel (la scène de danse notamment) tout en ayant le bon goût de ne jamais dévissé vers l’esbroufe ou la démonstration de force.

Ainsi le film joue autour de la figure banale du reflet et des miroirs mais en poussant le concept dans ses derniers retranchements. Le travail de mise en lumière et de mise en image du directeur de la photographie coréen Chung-hoon Chung est à saluer. Collaborateur régulier de Park Chon-Wook (« Old Boy », « Mademoiselle »), il apporte ce qu’il faut de baroque pour permettre à Edgar Wright de proposer le film le plus beau visuellement de sa carrière.

Un grand film.

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Saint Maud est un film remarquable. Remarquable par la composition ses plans toujours signifiants et grâce à une mise en scène méticuleuse. Mise en scène qui épouse la subjectivité de Maud, jeune infirmière à domicile traumatisée et qui se noie dans un mysticisme fervent de fraichement convertie mais qui s'avère mortifère. Remarquable aussi par son utilisation du son qui utilise les prières que Maud adressent directement à Dieu comme un murmure qui accompagne le film. Remarquable enfin par son illustration du rapport ambigüe au dolorisme chez certains chrétiens.

Maud glisse lentement sous le poids de sa culpabilité et on glisse avec elle jusqu'à un dernier plan qui rompt avec son point de vue et donne à voir le réel.

Rose Glass signe ici un premier film parfaitement maîtrisé et tétanisant.

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Adam McKay concocte avec "Don't look up" une satire acide aux dialogues brillants et d’une méchanceté rare faisant la synthèse de ses deux carrières. C’est qu’aucun de ses contemporains, mis à part les personnages incarnés par Jennifer Lawrence, Rob Morgan et à un degré moindre Leonardo Di Caprio (qui trouve une rédemption), ne trouve grâce aux yeux. La bêtise et l’aveuglement est partout. Les réseaux sociaux et leur culture du mème sont un cancer, la presse est une espèce disparue, les GAFAM les pires prédateurs que le capitalisme ait enfantés et les politiques, la Présidente incarnée par Meryl Streep en tête, des idiots inconscients au service uniquement d’eux-mêmes et de leurs carrières.

Porté par des acteurs au sommet de leurs arts et de leurs timings comiques. On contemple le spectacle de la bêtise contemporaine mi-amusé, mi-éberlué mais surtout désabusé.

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Clairement, le film d’Elie Wajeman lorgne avec talent du côté de Michael Mann à qui il emprunte ce héros qui se débat au milieu de flux qu’il ne peut contrôler. « Médecin de nuit » reprend également avec bonheur les tropes du film noir, héros usé et femme fatale. L’originalité tient davantage dans le décor dépeint, un Paris nocturne, interlope, peuplé de toxicomanes et dans lequel la seule échappatoire est le Samu social.

Dans les pas d’un Vincent Macaigne très loin de ses rôles habituels d’amoureux empêchés par une timidité maladive « Médecin de nuit » réussit à passionner malgré quelques facilités d’écriture qui ne sont pas grand-chose face à une mise en scène toujours à propos.