Adam McKay a commencé sa carrière avec des grosses comédies sondant les tréfonds de la bêtise humaine à grand renfort de personnages tous plus crétins les uns que les autres tout en portant un regard acéré et plein d’acuité sur ses contemporains en plus d’être à se tordre de rire.
« La Légende de Ron Burgundy », son premier film, mettait ainsi en scène la guerre des sexes au sein d’une rédaction de journal télévisé local préfigurant le Fox News d’aujourd’hui (ou une version moustachue de Cnews). « Ricky Bobby, roi du circuit » se moquait des rednecks de la Bible Belt avec une méchanceté rarement atteinte et « Frangins malgré eux » parvenait à saisir quelque chose de la vie de ces quadragénaires restés au stade adolescent. Mettant systématiquement en scène Will Ferrell ces films poussaient jusqu’à l’incandescence les talents d’improvisation de son acteur principal. C’est après deux films qui n’ont fait que répéter la formule McKay/Ferrell (les tout de même très recommandables « Very Bad Cops » et « Légendes vivantes ») que McKay changea quelque peu de style pour adopter un ton plus sérieux et qui lui a valu des nominations aux oscars (« The Big Short » et « Vice »).
Fort de cette double expérience Adam McKay concocte avec "Don't look up" une satire acide aux dialogues brillants et d’une méchanceté rare faisant la synthèse de ses deux carrières. C’est qu’aucun de ses contemporains, mis à part les personnages incarnés par Jennifer Lawrence, Rob Morgan et à un degré moindre Leonardo Di Caprio (qui trouve une rédemption), ne trouve grâce aux yeux. La bêtise et l’aveuglement est partout. Les réseaux sociaux et leur culture du mème sont un cancer, la presse est une espèce disparue, les GAFAM les pires prédateurs que le capitalisme ait enfantés et les politiques, la Présidente incarnée par Meryl Streep en tête, des idiots inconscients au service uniquement d’eux-mêmes et de leurs carrières.
Porté par des acteurs au sommet de leurs arts et de leurs timings comiques. On contemple le spectacle de la bêtise contemporaine mi-amusé, mi-éberlué mais surtout désabusé.
Brillamment acide.