Loin du film de guerre pétaradant auquel son titre peut faire penser au premier abord, « Vers la bataille », premier long-métrage d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux, se révèle davantage un film délicat et intimiste sur l’itinéraire d’un homme à la poursuite d’une obsession.
Ainsi le personnage, Louis, un photographe, est envoyé pour immortaliser le champs de bataille au Mexique en 1863 et se perd dans les montagnes brumeuses à la poursuite d’une guerre que parfois il entend, d’autre fois entrevoit mais qui toujours lui échappe. Le choix de ce conflit colonial par la France au Mexique, de 1862 à 1867 pour contrebalancer la puissance des États-Unis est en soi un choix fort d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux qui lui permet deux choses. La première est d’éviter les représentations des spectateurs sur un conflit qu’ils ne connaissent pas. Ainsi, la reconstitution historique fonctionne davantage par l’évocation que par la scrupuleuse (et aussi très chère) imitation historique. De ce point de vue le film tient davantage de la reconstitution de « Les chants de Mandrin » de Rabah Ameur-Zaïmeche que des grandes fresques guerrières en costumes. Le deuxième intérêt s’établit lui davantage du côté métatextuel, ce conflit absent de notre mémoire collective fonctionnant comme rappel constant d’une quête impossible pour son personnage.
« Vers la bataille » évoque donc plus l’époque qu’il ne la montre et y inscrit un discours contemporain autour de la manipulation des images. La bataille de toutes manières impossible à mettre en image il est tentant pour certains de la fabriquer en photographiant de faux champs de bataille entièrement mis en scène. Mais Louis est un pur, meut par une force invisible, une conviction, qui le pousse toujours plus loin à s’enfoncer jusqu’à se perdre pour mieux transmettre et se retrouver.
Malgré quelques stigmates notamment un rythme parfois un peu heurté « Vers la bataille » se révèle un premier film très bien maîtrisé et passionnant.