1825, Tasmanie, Clare, prisonnière irlandaise arrive à la fin de sa peine et espère s'extraire de cette enfer avec son bébé et son mari. Sa libération est suspendue au bon vouloir de Hawkins, gradé dans l'attente de sa promotion qui a pris pour habitude, entre deux "pacifications" d'aborigènes, d'abuser de la jeune femme. Un soir Hawkins et deux de ses hommes massacrent sa famille, la violent à tour de rôle. Ivre de colère, Clare, flanquée d'un guide aborigène Billy, par à la poursuite de Hawkins à travers la forêt.
Le précédent film de Jennifer Kent, Mister Babadook, parvenait à mélanger le drame sur le deuil et l'horreur pour créer un huis-clos mental extrêmement inconfortable. C'est peu dire que The Nightingale va plus loin. Véritable chemin de croix, extrêmement éprouvant, le film se regarde la boule au ventre et t'écrase dans ton siège. Ici tout n'est que mort et putréfaction.
Jennifer Kent parvient à s'extraire du genre dans lequel son film semble prendre racine (le rape & revenge) et évite soigneusement ses dérives pour se concentrer sur les parcours émotionnels de Clare et de son guide Billy. De deux âmes esseulées réunies par unique intérêt, d'abord complètement hostiles l'une à l'autre, ils découvrent au gré de leur voyage une communauté d'intérêts, un respect profond, une amitié et le reponsable de leurs malheurs respectifs.
Filmé dans un format 1.37 qui permet de capter la verticalité des décors et de concentrer la plupart des plans sur les visages des protagonistes, au plis proche pour capter le cheminement du deuil de Clare, le retour à sa tradition de Billy et la démence des soldats. En outre, le film s'inscrit dans les débats sociétaux actuels autour du féminisme et de la colonisation de façon radicale, bien loin de la timidité et de la tiédeur, réponse cinglante à ceux qui ânonnent qu'on ne peut plus rien dire.
Porté par des acteurs tous habités (Aisling Franciosi en tête), le film est d'une puissance rare et laisse le spectateur groggy.