« Ce n’est pas parce qu’il y a du saxophone que c’est du jazz » rappelle le fondateur de Melt Yourself Down, Pete Warham, dans une interview à The Line Of Best Fit. En effet, malgré l’omniprésence de l’instrument à vent, le combo anglais joue à peu près de tout sauf d’un genre cosy, technique et cérébral. Sur 100% Yes, les Londoniens, survoltés, livrent surtout une partition décomplexée et idéale pour les fans de headbanging et autres danseurs déguingandés.
Ce qui est fascinant, c’est que le saxophone joue ici le rôle d’une guitare rock, enchaînant les riffs endiablés sur des rythmiques qui doivent autant à l’électro qu’au punk. Le contre-emploi frappe les esprits immédiatement, et se révèle en même temps évident, imparable. Lors de ses deux premiers albums, Melt Yourself Down invitait déjà à un décloisonnement des frontières musicales, sur 100% Yes on assiste à un éclatement total du format pop, par le choix des mélodies (aussi martiales que séduisantes) et des instruments (le saxophone en lead, donc), mais l’esprit reste définitivement coloré et accessible. Pete Warham, dans la même interview, défend d’ailleurs l’idée que Melt Yourself est avant tout un groupe pop.
Entre percussions world, sections de cuivres martiales, voix à la limite de l’hystérie et basses félines, la priorité de Melt Yourself Down, au-delà des étiquettes, se porte sur une forme de communion tribale entre l’auditeur, d’abord scotché par un horizon musical aussi surprenant que racé, et le groupe, qui enchaîne de petits hymnes jubilatoires, à la façon d’un Morphine qui aurait pris du speed… et une bonne décharge électrique.
Le tourbillon est aussi bref que spontané, la fusion entre les musiciens est totale. Si le saxophone est omniprésent, on sent que Warham tient à ce que chaque texture instrumentale lui tienne la dragée haute. Même le versant électronique paraît totalement incorporé à l’oeuvre, pas simplement un élément de décoration, mais un fuel dans un moteur rythmique insatiable. Peut-on parler de multiculturalisme musical ? 100% Yes.