Avec Grégory Duby, guitariste de K-Branding, on sait d’emblée que nous ne serons pas dans un disque « grand public ». Mais là où le trio sature le son et l’espace, Jesus is My Son, son projet solo, au contraire choisit l’épure. Là, où il y a avait confrontation, il y a désormais contemplation ; là où il y avait agitation, il y a désormais ralentissement voire dilation du temps. Le travail de Duby se réduit à une simple guitare électrique avançant avec lenteur et résonnance ; un travail en partie improvisé où chaque note devient importante voire essentielle rappelant les créations d’ Imagho. A partir de là, Jesus is My Son donne un sens périphérique à sa musique : comme son nom l’indique 1914-1918 est un album totalement centré sur la première guerre mondiale. Duby s’intéresse là aux moments d’attente avant les combats, aux silences d’après les batailles, à l’anxiété permanente ; ce qui explique la tristesse contemplative qui parcoure le disque, ce qui explique aussi l’absence totalement d’explosions soniques et de violences sonores. Connu désormais de l’auditeur, ce sujet permet à Duby de charger en émotion une musique par ailleurs économe dans le domaine. Le Belge triche un peu, utilisant son sujet et les titres mêmes de ces instrumentaux (Héroïsme et désespoir, No man’s land, Armistice, des pleurs et des larmes…) pour permettre à l’auditeur de fantasmer la musique ; un peu comme un effet Koulechov sémantique. Ainsi manipulé, l’auditeur a de quoi être touché par le disque, ce qui est désormais le principal.