Ike Yard fait partie de ses groupes oubliés, historiquement importants. En l'occurrence, cette continuation de The Futants (autre fulgurante formation aujourd'hui inconnue) a été le premier groupe américain signé par Factory, encore marqué par le spectre Joy Division. Ike Yard a cette particularité de mixer toutes les avant-gardes de ce tout début des années 80. L'époque connaît sa révolution post-punk auquel n'échappe pas Ike Yard (Joy Division, PIL, Magazine…) mais les Américains ont été marqués également par le Krautrock allemand (Can, Neu…) adoptant dans sa musique un florilège de synthétizers. Ils sont aussi le produit d'une époque qui commence à intégrer le bruitisme dans la culture rock (Throbbing gristle) et ce, bien avant l'arrivée de Sonic Youth. Fort de toutes ses strates d'influences, Ike yard accouche d' une musique authentiquement impressionnante, presque choquante dans ses déclinaisons d'une sauvagerie synthétique. La musique expressionniste d'Ike yard prend un malin plaisir à agresser, et on imagine dès lors que leurs présences scéniques devaient ressembler à une performance qu'à un seul concert. Le groupe avait donc sorti deux albums chez Factory et deux EP sur le label belge avant-gardiste les Disques du Crépuscule…avant de se saborder. Cette compilation reprend quelqu'un de leurs titres ainsi que des inédits révélant Ike Yard comme un des plus pertinents témoins de son époque.