Le niveau proposé depuis deux ans par H JeuneCrack est très très sérieux. Que des projets courts, en son nom propre, avec Mairo, avec Hologram Lo'... Et à chaque fois les mêmes qualités : il produit ou co-produit presque tous les sons, et rappe très très bien. Ce 8 titres n'y fait pas exception ; on y trouve l'excellent single Hustleuse, qui détonne tellement dans un rap français où comme l'a dit Jean Maurel en parlant du son, on a parfois l'impression que les rappeurs jeunes ou moins jeunes ne peuvent s'empêcher de se vautrer dans la misogynie crasse comme si c'était un passage obligé pour appartenir au genre. Rien de tout ça ici, une vraie déclaration d'amour touchante, une mise à nu avec juste ce qu'il faut de pudeur.
Dans les autres sons, des phases politiques ("Je les valide pas, je m'en fous qu'ils m'valident pas / Bloc de TNT dans un BNP Paribas"), egotrip, introspectives, drôles... Ou tout ça à la fois. Bref tout ce qui fait que H JeuneCrack est définitivement l'artiste "new-gen" le plus intéressant à suivre. Médaille d'or pour le titre Manita, où le niveau des flows mais surtout de la prod, concoctée une fois de plus par lui-même, est stratosphérique. "Premier mouvement, deuxième trilogie" ; vivement les deuxièmes et troisièmes itérations, puis on espère, après un échauffement qui aura mis à l'amende la plupart des soi-disant têtes d'affiche, un premier vrai album, un petit peu plus long, en 2026.
Tout le reste est comme d'habitude très très bon. Il se renouvelle dans les flows, dans les utilisations de l'autotune, par rapport aux projets précédents mais aussi entre chaque titre de celui-ci. Et toujours cette fausse nonchalance qui lui permet de faire des rimes que l'on trouverait ridicules chez d'autres, mais qui ici sont complètement dans l'esprit du personnage. Et surtout, encore une fois, qui a aujourd'hui un niveau aussi élevé en rap ET en production ? Vidji (Stratega pour les prods) et Népal (KLM) à la belle époque, probablement JeanJass aujourd'hui... La concurrence est peu nombreuse, et H JeuneCrack n'a pas à rougir de la comparaison. Vivement la suite.