Formé en 1979, les Suédois de 220 Volt publient deux démos ainsi qu’un 45 tours en 1982 avant de sortir leur premier album l’année suivante sur CBS/Epic. Les fans du groupe sont surpris par le changement de style. En effet, l’arrivée de Jocke Lundholm au chant, à la place du très limité Christer « Frille Åsell » Nääs permet au groupe de passer d’un heavy poussif, parfois à la limite du doom (allez écouter « Sauron » extrait de leur single pour vous en rendre compte), à un heavy metal aux lignes mélodiques soignées et aux riffs originaux.
Cela se ressent dès « Lonely Night », une nouvelle composition enlevée, qui donne envie de taper du pied et qui entraîne l’auditeur dans un univers coloré, que dominent les duels de guitares et la voix de Jocke Lundholm. Avec « No Return », le groupe assume son virage en nous offrant un univers proche de la New Wave of British Heavy Metal et notamment de groupes comme Diamond Head ou Samson. Plus sombre, « The End Of the World » est une longue pièce lente et poignante qui joue sur des ambiances mélancoliques. A nouveau, la paire de guitaristes s’en donne à cœur joie en se livrant à de beaux solos qui viennent rehausser une pièce qu’aurait pu écrire Judas Priest à l’époque de Point Of Entry. La fin de la face A nous propose « Gypsy Queen », un titre rescapé de leur première démo, mais en grande partie modifié. Tout d’abord, il est rallongé de près d’une minute, ce qui en change l’équilibre, mais ensuite, le chant, plus mélodique, lui donne une allure plus agréable. Cette première face présente un groupe en devenir, qui semble encore se chercher, ce qui est évident sur la face B.
En effet, celle-ci débute par « Nightwinds », une composition rescapée de leur première démo et qui tranche avec ce qu’on a pu entendre sur l’album. Poussive et soutenue par un orgue, elle ne colle pas avec l’atmosphère d’ensemble. La voix de Jocke est doublée par une autre qu’il est difficile d’identifier (voix de tête, voix féminine ou voix accélérée) et qui passe très mal. Une vraie erreur de casting sur ce disque. « Child of the Night » relève le niveau sur un rythme rapide. Sans être génial, ce morceau relance la machine, avant que « Stop and Look Back », une composition plus complexe ne confirme cela en offrant une nouvelle vision du groupe. Basée sur un refrain qui annonce les albums suivants, elle propose de beaux riffs et un travail intéressant des mélodies.
Vient ensuite « Prisonner of War », la reprise de leur premier single. L’évolution du groupe est spectaculaire entre ces deux versions distantes pourtant d’un an. On sent quand même que Jocke Lundlholm se débat avec des lignes un peu trop simplistes auxquelles il apporte une vraie profondeur, faisant de ce titre assez banal au départ, une belle pièce. Pourtant, « Woman in White » l’éclipse sans problème, en proposant un rythme rapide, dans la lignée de Rainbow, avec une touche un peu bluesy et un beau refrain proche de ce pouvait offrir Accept à l’époque, mais en plus mélodique. Un superbe final qui est toujours joué en concert par le groupe et qui figurait déjà sur une démo.
Ce premier album, non exempt de maladresses, se présente comme une carte de visite intéressante pour un groupe qui ne s’était pas encore tout fait trouvé.