#3 (Ce n'est pas perdu pour tout le monde...) par J. Z. D.
En 1996, fruit de la collaboration (trop mûr) de Michel Cloup et Arnaud Michniak, Diabologum est prêt à exploser. Après deux albums pas vraiment géniaux, le groupe continue de se scinder et ne propose cette fois que des morceaux écrit et interprété par l'un ou l'autre. "Ou" quasiment toujours exclusif. Mais voilà, si il y a quelque chose de finissant dans cet album, si les deux membres du groupes sont déjà pris par leurs projets solos à venir - Experience et Programme -, rien ne les empêchera de sortir leur meilleur album, le plus beau, le plus fort et le plus violent.
D'un côté donc, Michel Cloup, dépressif mélancolique, De la neige en été, A découvrir absolument ou le délicieux Une histoire de séduction. De l'autre côté, plus violent, plus froid, plus suicidaire, Arnaud Michniak, Il faut, Les angles.
Restent deux trois morceaux plus "au milieu", Blank generation, une instru planante, sans vie, parfaite. Et voilà, finalement, le chef d'oeuvre, peut-être, La maman et la putain, mise en musique intense du monologue finale du film qui lui donne son nom.
Parce que je vous ai pas parlé du style, encore. Et rien de mieux pour l'imaginer que ce concert, quinze après, l'hiver dernier, reformation des gars sur une seule date. Guitare, basse, batterie ; lumière blanche, fond noir, aucun effet superflu, aucune paillette, aucune couleur, aucun espoir. Une heure de rock brut, j'hésite à dire brutal, il n'y a pas de vie, à un moment, ils échangent un sourire, non, Michel Cloup sourit, Arnaud Michniak esquisse à peine, il chante, une main derrière le dos, presque hip hop, et puis, conclusion, on reconnait la Maman et la putain, et arrive Françoise Lebrun, qui récite, elle est vieille mais personne ne le voit, il y a les guitares, libérées, et soudain, la lumière se rallume, remerciements, saluts, froids. Silence. Pas de rappels, rien. Silence total, le public est brisé, au bord des larmes. Silence, retour. Silence.