Sombre.

Népal, artiste assez récent dans le monde du rap (enfin de mon point de vue) s'est fait vraiment connaître sur son duo avec Nekfeu dans Esquimaux. Morceau où il fait preuve d'une insolence très appréciable, ce son était vraiment le signe d'un vrai progrès chez l'artiste. Car oui, après le son "Rien d'spécial" montrant un potentiel certain chez l'artiste, son EP 444 nuits m'avait un peu moins plu, le trouvant un peu répétitif et le flow de Népal parfois un peu douteux. Et donc c'est après une année que je retrouve Népal avec un autre EP nommé 445e nuit, non pas sans une certaine attente car après Esquimaux, je pensais vraiment qu'il pouvait faire quelque chose.

Népal aime mettre en avant son côté steampunk. Déjà quand on télécharge son EP on se retrouve avec une page sur fond d'Evangelion. Classe. En tout cas moi j'adore. Et clairement on peut le ressentir dans tout l'album. Que ça soit au niveau des instrumentales ou des nombreuses références à la pop culture qui sont utilisées, Népal cultive à fond cette ambiance et ce n'est pas pour me déplaire.

Et franchement le verdict c'est qu'il n'y a rien à jeter. Il n'y a rien à jeter parce que Népal a un univers à nous partager et cela se ressent à travers tout l'album. Quelques sons lourds avec Niveau 1 ou Maladavexa dont le refrain qui ne me laisse pas indifférent et cette punchline de fin que j'ai trouvé excellente:

Fatigué, dur de m’faire à l’idée qu’faudrait qu’j’te tourne le dos pour que nos deux cœurs soient alignés

https://genius.com/12870716

L'image est vraiment belle et exprime bien la relation avec les femmes qu'a pu avoir Népal par le passé.

D'autres musiques sont plus posées mais toujours dans son style particulier, Népal arrive à transmettre le mal-être qui semble l'habiter par les instrumentales qui sont froides et pesantes et qui sont accompagnées de lyrics qui sont assez sombres comme dans Insomnie:

L’insomnie m’a rendu bizarre, l’impression d’sentir le mal-être de tous les gens qui passent

À la base, j’suis un gentil gars, mais j’crois qu’le sur-place m’a rendu paz

J’guette les fe-meus et les tes-traî comme un diksa

https://genius.com/12766959

Où il parle de son évolution vers les ténèbres qui l'engloutissent peu à peu, rongé par la paranoïa et le manque de sommeil.

Techniquement il n'y a rien à redire avec des flows très intéressants. Parfois m'émerveillant de le voir revenir à la rime deux lignes plus tard en mode ABBA, Népal fait preuve de dextérité, toujours dans ce style un peu insolent qui lui donne une vraie identité.

C'est donc une image triste de ce monde que Népal veut nous partager à travers cet EP. Lui-même étant peu à peu happé par ce monde, le message qu'il veut nous faire passer n'est pas des plus optimistes. Mais il le fait avec de la technique, des instrumentales et de l'insolence et donc je ne peux qu'espérer voir son album pour bientôt.

On s’re, on s'ressemble tous, plus les, plus les visages

Tous les, tous les mirages dispa la, dispa, la nuit noire

Insomnie