Aimer quelqu'un c'est aussi être en capacité de lui dire ce qui ne va pas, même s'il est toujours difficile de trouver les mots justes. Alors, lorsqu'il s'agit d'écrire une chronique sur le "pire" album de son groupe préféré, je ne vais pas me gâcher le plaisir de lui tailler un costard bien mérité!
Un léger vent d'espoir soufflait en ce milieu des années 2000 au sein de la communauté des Curistes: Porl Thompson, le guitariste chéri, venait de signer son retour avec brio, en témoignent la tournée estivale de 2005 et le DVD qui a en a résulté. On va enfin pouvoir voir de quoi la formation est capable en studio, histoire de montrer à toute la nouvelle garde se réclamant du groupe (Interpol, Editors, Bloc Party, etc...) qui est le patron. Le nouvel album est annoncé, puis repoussé: 2006, 2007, 2008 .... Double-album? Finalement non, album simple, ou plutôt deux sorties séparées, avec un "album optimiste" et un "album sombre". Robert agace son monde avec ses annonces à répétition et contradictoires, et c'est après une tournée assez réussie, que "4:13 Dream", le nouveau Cure sort enfin, le 23 octobre 2008.
Au vu du titre, c'est bien à l'album "joyeux" auquel on a à faire. Le deuxième attendra... (pas suffisamment de points de suspension). Le disque démarre par un "Underneath the stars" rêveur et épique, et même si le son est un peu brouillon (j'y reviendrai), l'annonce d'un bon album se fait sentir. Un peu à l'instar de "Wild mood swings", le deuxième morceau "The only one" contraste avec son prédécesseur, et même si le premier single à l'humeur "Mint car-esque" ne casse pas trois pattes à un canard, on est encore loin du pire. "The Reasons why" n'est pas trop mal non-plus, mais malgré le bon riff du début, le refrain ne décollera jamais. Le pire, le voici: "Freakshow", une horreur, qu'on s'appelle Cure ou non, ce morceau est un véritable châtiment auditif, faisant passer "Just say yes" ou "Strange attraction" pour des chefs-d'oeuvre. A partir de là, il faut bien avouer que l'album perd toute crédibilité, mais bon, on va essayer de s'accrocher tout-de-même. "Sirensong" sonne comme une face-B de "Wild mood swings" (encore!), mais ce qualificatif est pour moi plutôt un compliment: Bon refrain et très bonne guitare slide, un des morceaux à sauver à mon sens. "The Real Snow White" revisite l'album précédent en alternant le bon et le moins bon. La construction en escaliers et le refrain sont bons, mais trop répétitifs et parfois interminables (la fin, si quelqu'un peux m'expliquer) , Robert semble crier dans le vide, j'ai mal pour lui! "The Hungry ghost", ah, enfin un vrai bon morceau, rien à jeter, le riff est excellent tout comme, encore une fois le refrain, d'ailleurs le "Hungry Ghost", ne serais-ce pas le chanteur du groupe, par hasard? Puis on enchaine à nouveau sur de la revisite avec "Switch", qui se la joue "Cut" du pauvre. Sinon "The Perfect Boy" n'invente rien mais possède un certain capital sympathie (notez que même au niveau des titres des morceaux c'est un peu la dèche, y'a même une face-B qui s'appelle "Why can't I be me?"). "This.Here and Now.With you" alterne bizarrerie et mélodie, quand à "Sleep when I'm dead" c'est un peu un mélange entre un morceau de Cure et un reportage sur les voitures de course (je suis méchant, je sais). Le disque sur termine très péniblement sur "The Scream" (beurk!) et "It's Over" - ouf, c'est fini!
Outre le manque criant de songwriting, le mix et la production sont en plastique, et font passer "Wild Mood Swings" pour un album brillant et cohérent. On est en dessous de tout standard de The Cure et chacun donne l'impression de jouer dans le vide. "4:13 Dream" est un de ces mauvais rêves dans lequel notre groupe préféré pond un mauvais album. D'ailleurs, son pendant sombre "4:14 Scream" n'a jamais vu le jour, le question est "a-t-il un jour été enregistré?". Quatre étoile, et encore c'est parce que je suis de bonne humeur!