Alors que Young n'a pas encore tout à fait achevé l'enregistrement d'After the Gold Rush, il s'embarque pour une tournée avec CS&N, histoire de faire vivre Déjà vu sur scène, à la grande satisfaction du public.
Il faut bien admettre qu'en dehors des chansons de Neil, 4 Way Street n'a d'intérêt que pour les nostalgiques du temps fleuri des hippies. Le premier vinyle est acoustique et ses meilleurs moments viennent de Young dont on peut découvrir une splendide version acoustique de "Cowgirl in the Sand", suivie de "Don't Let it Bring you Down", encore inédite à l'époque du concert. Sur la réédition CD de 1992 on a en plus droit un excellent medley : "The Loner"/"Cinnamon Girl"/"Down by the River" et le public ne s'y trompe pas ; il faut l'entendre manifester sa joie.
Le second 33 tours est électrique. Ce qui a déjà le mérite de réveiller l'auditeur, qui serait plongé depuis longtemps dans son second sommeil s'il n'y avait pas eu Neil Young pour lui garder l’œil ouvert durant le premier disque. Après deux morceaux sympathiques et enthousiastes, c'est encore une fois lui qui fracasse tout avec une version de près d'un quart d'heure de "Southern Man" pour commencer - rien que ça ! (à l'instar de "Don't Let it Bring you Down", le titre est encore inédit pour le public qui assiste au show) - suivi du tout frais "Ohio" qui vient juste de paraître en 45T (juin 1970).
L'album se termine sur quatorze minutes de "Carry on" de Stills (pour ne pas faire de jaloux après les quatorze de Young), qui plagie au passage Clapton sur "Presence of the Lord" de Blind Faith, puis sur un bref retour acoustique avec "Find the Cost of Freedom".
Si les concerts et l'album donnèrent au public l'image de quatre garçons sympathiques, pleins de bonne volonté, d'amitié et d'amour des fleurs et autres zoziaux, il n'en est en fait rien. Les tensions n'ont cessé de croître durant la tournée et les bagarres dans les loges sont restées célèbres, notamment grâce aux sketches satiriques des Mothers Of Invention, que l'on peut entendre sur Just Another Band from L.A. L'intro de 4 Way Street me fait d'ailleurs toujours un peu marrer.