Le début de la fin ?

Plus d'un an après ma dernière critique, quoi de mieux pour me refaire la main que cet album ? Surtout que je sais qu'elle ne va pas être positive.

On avait laissé les Four Horsemen 7 ans plus tôt avec un Hardwired… to Self-Destruct trop long mais qui avait encore pas mal de patate et montrait que Metallica avait quelques beaux restes. La tournée qui a suivi n'a fait que confirmer cette impression : la bête était toujours en vie. Entretemps, le frontman James Hetfield se vit contraint d'effectuer un nouveau séjour en désintox à cause du retour de son alcoolisme notoire. Heureusement, depuis tout semble aller beaucoup mieux et les concerts au Stade de France ont rassuré tout le monde.

Onzième effort d'un groupe qui n'a plus rien à prouver depuis bien longtemps, ce 72 Seasons ne m'avait fait ni chaud ni froid lors de ma première écoute, et c'est bien là le problème. Metallica et moi, ça remonte à 15 ans maintenant. Je me souviens encore des chocs de la découverte, des vidéos de concerts épiques et puis finalement des vrais concerts, puisque je les ai vus 4 fois maintenant. Chaque album m'a fait ressentir quelque chose, parfois en négatif (Lulu, un objet incompréhensible et surprenant même pour les fans de Lou Reed) mais quasiment toujours en positif (même pour St. Anger, album le plus décrié du groupe qui a quand même un certain charme). Leur musique m'accompagne depuis si longtemps maintenant que je n'ose pas imaginer ma vie sans.

Qu'est ce qu'on peut trouver à dire quand on a rempli les stades de la planète, battu plusieurs records et placé le metal dans l'histoire de la Musique ? D'après Hetfield himself, le titre fait référence aux 18 premières années de la vie d'un être humain, où l'on est censé se forger une identité. L'album fait plus de 77 minutes (ça aurait été un bon gimmick d'enlever 5 minutes mais bon) et comporte le morceau le plus long de toute leur discographie : Innamorata, qui dépasse les 11 minutes. J'avais dit avoir trouvé le précédent trop long, et il faisait également 77 minutes, donc pas de surprises de ce côté-là : c'est aussi le cas ici.

Le premier single dévoilé, Lux Æterna, annonçait clairement la couleur : on allait se faire un peu chier. Et une fois l'album dans les oreilles, on ne peut que confirmer cette impression. Des riffs répétitifs, sans grande créativité, qu'on oublie aussitôt le morceau terminé. On va même recycler des paroles de morceaux anciens de manière assez maladroite, sans apporter grand-chose de nouveau. Pour être tout à fait honnête, il y a quand même deux ou trois morceaux qui sortent du lot : Screaming Suicide et If Darkness Had a Son ont des riffs sympas qui m'ont un peu fait bouger la tête. Les deux seuls morceaux qui m'ont fait monter le volume sont les deux derniers : Room of Mirrors et Inamorata, où on trouve tout de même un peu de créativité. Mais c'est dans l'ensemble un opus bien fade que nous servent les Californiens, et j'en ai eu la preuve au Stade de France : les 4 morceaux de cet album qu'ils ont joué ne rendaient pas mieux en concert.

Après plus de 40 ans de carrière, on peut leur pardonner ce petit écart un peu faiblard, surtout que c'est selon moi le premier. J'espère cependant que leur futur ne s'annonce pas aussi anecdotique que cet album. De toute façon, tant qu'ils restent efficaces en concert, ils peuvent sortir des albums de la qualité qu'ils souhaitent.