Gina et Annika posent peinturlurées dans une vitrine mais sont prêtes à bondir sur vous comme un Cobra. Elles veulent par leur musique soigner le monde alors qu'elles mêmes trouvent dans le vin rouge, le meilleur des remèdes. Les deux Allemandes sont pour le moins excessives. Il y a 20 ans les Slits se roulaient par terre, affichaient en étendard une vulgarité outrancière comme pour mieux concasser l'image lisse et décorative de la femme. Les Cobra killer font la même chose, armées de leurs samplers dans des concerts tenant autant du happening, de la rencontre sportive (elles ont l'habitude de faire du catch) que de la rencontre musicale. A faire passer les Robots in Disguise pour deux sages collégiennes… L'album s'appelle 76/77, bien sûr en référence aux années punk, comme pour rappeler qu' un grand coup de pieds aux bonnes consciences est un acte salvateur. Au-delà de l'esprit, emmenée par de breaks aiguisés, la musique pioche allégrement dans l'histoire du Rock 'nd Roll. Comme les Cramps ou The 5, 6, 7, 8's (les japonaises vues dans "Kill Bill"), Cobra killer s'en va chercher régulièrement l'énergie rock dans les années 50-60. I like it when it burn a bit restitue la new wave habitée de PIL, synthétisme de rigueur sur fond de guitares abrasives (avec Eric D.Clark, clone vocal de Johnny Rotten !). Même dans le minimalisme synthétique de Mund Auf -augen zu ou de let's have a problem (avec intervention inopinée de guitare fuzz), Cobra killer crache son venin. Et, car les Allemandes ont beaucoup de talent et ne sont plus à une contradiction près, elles nous sortent au milieu de ce ravage organisé une superbe valse touchante comme une ballade en voiture chromée. Peaches s'est trouvée deux copines rock'n roll, l'esprit de 77 perdure… Deux bonnes nouvelles.