AM IV
7.5
AM IV

Album de Arman Méliès (2013)

Magicien de la chanson, peintre anti-consommation

Comme les authentiques magiciens, Arman Méliès transcende ses outils à sa disposition, qui peuvent paraître à fonction unique, et qui les déploie pour leur révéler une nouvelle nature, moins terre-à-terre et plus personnelle. Cet homme utilise ses instruments comme personne, sur des paroles explorant les terres de Ronsard comme Aragon, et leur apporte une personnalité sans commune mesure avec un contemporain français. Sans doute est-ce cette rare préciosité qui le rend si inaccessible au public ; ce public qui devient pourtant accroc à ses paysages bleu pétrole et étoilés de luxuriances sonores dès qu'il accepte de franchir le pas. Comment leur jeter la pierre opale ? Méliès est un secret, est-ce qu'aujourd'hui nous accordons encore une place à cet Art défiant toute consommation ?
Au sein de son bel incendie, qui constamment le brûle à petits feux intenses, Pompéi n'est qu'une poussière rose dont ne subsiste qu'une graine dans la cendrée, un parfum sain, une pubescence d'or. "Silvaplana" est un chef d'oeuvre, une pièce désolée résumant l'Amour avec les moyens humains du bord, un trip sorti d'un chapeau et se déclinant à travers les bruissements tristes. Les instrumentaux, se délestant de mots encombrant ce que la musique communique déjà, se prennent d'affection pour ces tourments Albatros qui semblent peser tant et tant leur interprète. C'est peut-être le reproche que j'aurai encore à faire à cet artiste : son monde serait peut-être plus enivrant et immersif si la sonorité des claviers se diversifiait plus ; sans jouer la même mélodie, ils peuvent rester dans le même registre, et cela devient plus qu'entendant au bout d'un certain temps. De plus, pourquoi un rôle aussi dénué d'intérêt pour les percussions, excepté pour rendre les musiques plus accessibles quand il est nécessaire ? Mais ça c'est un défaut plus propre au disque lui-même, "Casino" ne souffre pas de ce tare.
Oiseau de flammes, truqueur de prestige, observateur de la dévastation sentimentale, il ne nous reste plus qu'à rouler dans les poussières de son cœur, qu'il aura su humblement retranscrire en envoûtements légaux et sortilèges sonores.

Créée

le 19 août 2020

Critique lue 97 fois

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Billy98

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