Avec son quatrième album, Arman Méliès redistribue les cartes de sa propre musique et se met ainsi en danger dans un disque de « synthés. IV est une nouvelle réussite à mettre au crédit de son auteur.
Jan Fiévé - son vrai nom - est avant tout homme de plume (pour lui mais aussi pour les autres, Bashung entre autres) et de guitares (pour lui et pour Julien Doré). Il n'était donc pas évident après six ans d'absence, de retrouver le songwriter revenir avec un album essentiellement composé de synthés. On pourrait faire un parallèle avec Dominique A. et son album La Musique / la Matière où ce dernier reprenait le contrôle absolu de sa musique, en produisant seul son disque entouré de claviers et de machines. Retour aux sources pour Dominique A (20 ans après la Fossette), nouveau terrain d'expérimentation pour Arman Méliès et volonté de se mettre en danger, de se refaire une virginité avec un terreau non maîtrisé.
Le musicien avait déjà affirmé son intérêt pour les années 80, reprenant Amoureux solitaires de Jacno, et faisant ainsi entrer cette musique synthé pop dans son univers. Avec IV, c'est le peu contraire qui se produit, avec comme idée fondamentale, rester soi-même tout en changeant radicalement l'instrumentation. Défi supplémentaire : proposer une musique aussi fouillée et profonde qu'à l'habitude, tout en arborant une tendance pour le minimalisme sonore et la répétitivité rythmique (Mes chers amis, ou Pompei, co-écrit avec Julien Doré, comme meilleur exemple). A l'écoute de Silvaplana, titre en trois actes sur plus de dix minutes, on se dit que Arman Méliès n'a pas rangé aux vestiaires ses ambitions. Entre Ennio Morricone et John Carpenter, le titre , se vit tour à tour comme la BO d'un péplum synthétique ou d'un thriller haletant. Après et évidemment, cette omniprésence des claviers - assortie ça et là de guitares - tire la musique du Francilien dans des contrées inédites pour lui : la new wave est bel et bien là (Rose Poussière), le Krautrock aussi (l'instrumental, Fern Isel). , Mais,, Arman Méliès propose surtout un grand écart entre, Etienne Daho, Christophe, et Kraftwerk., Toujours avec cette préférence pour les accords mineurs et la mélancolie, et pour , cette accumulation de strates qui fait la richesse et l'ambivalence de la musique - le Français a rapidement été adepte en concert de l'oversampling, il reste ici des traces de cet amour de l'empilement mélodique. Et si les sonorités froides et tristes semblent désincarnées, la voix d'Arman Méliès transporte toujours avec elle son romantisme touchant. Le paradoxe rend encore plus intéressante cette musique d'hier et d'aujourd'hui. Une réussite sur un terrain où on ne l'attendait pas.