On ne s’attendait pas à avoir des nouvelles de Bill Pritchard. On prend donc A Trip To The Coast pour ce qu’il est, un petit plaisir musical inespéré.

Avec ce nouvel album de Bill Pritchard (le premier depuis 2005), l’auditeur aura une lecture forcément différente suivant son âge. Les quadras (et plus) ne pourront s’empêcher de juger A Trip To The Coast par le prisme du temps passé d’un artiste qui a fait les beaux jours, à une époque, de toute la presse indé. C’était il y a 25 ans, Les Inrocks était encore mensuel et Bill Pritchard était alors l’un des chouchous du magazine. Il y avait Pete Astor, Lloyd Cole, en solo, Guy Chadwick, en groupe ou Louis Philippe, ce Français ayant traversé le Channel. Il y avait aussi dans cette même famille musicale, cet Anglais francophile, ayant collaboré avec Etienne Daho, Françoise Hardy, Daniel Darc et récemment, pour By Paris By Taxi By Accident, avec Thomas Deligny.

Devenu entre temps prof, Bill Pritchard fait figure de revenant. Ayant abandonné toute vélléité de succès (il aura pu l’espérer aux débuts des années 90), le désormais « vieux » songwriter se fait plaisir avec un album qui lui ressemble. Modeste certes mais mélodiquement exigeant. La musique de l’Anglais, ainsi que sa voix (un de ses grands atouts) n’a pas changé d’un iota depuis 1991 et Jolie (si ce n’est une production plus intemporelle) ; comme si les modes et le temps n’avaient eu aucune influence sur sa manière de concevoir sa musique.

A Trip To The Coast est donc pop, dans l’acception la plus classique du terme. Une musique 100% britannique, même si Bill Pritchard ne résiste pas à faire parler sa fibre francophone avec Tout Seul. En bon partisan de la guitare « ligne claire », Il allie légérété de ton et fraicheur pour des titres qui coulent de source (Trentam, Yeah Yeah Girls, Polly). Mais il sait prendre un virage plus ténébreux quand il enfourche une guitare à la Chris Isaac (Posters). Le piano lui va bien aussi, permettant à Bill de faire parler une écriture mélodique, proche dès lors de Mc Cartney (Truly Blue). Bill Pritchard a définitivement la classe tranquille. Disque « sympathique » pour certains (les néophites ?) ; album frais et en cela précieux, pour d’autres (pour les Pritchardien aguerris ?). Sachez en tout cas qu’une tournée se prépare : Bill Pritchard est aussi de retour sur scène.
denizor
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le 4 juin 2014

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