Tara Jane O'Neil est une artiste à part et sur l'ensemble de sa discographie, on retrouve toujours chez la jeune femme cette volonté de prendre un matériel connu et archi rabattu et de le tirer un peu du côté de l'expérimental, de l'évanescent. Juste un peu mais suffisamment pour brouiller les pistes et trouver une personnalité propre. A ways away, sixième album, noie la folk pop originelle dans une atmosphère cotonneuse fait de doublement de voix, de lignes de guitares qui se mélangent et se confondent, de violons qui surnagent, de percussions qui viennent se poser et donner un rythme particulier à la musique...Autre particularité, en ces temps d'embouteillages de groupes acoustiques, la musique de Tara Jane est bel et bien électrique et doit autant à Joni Mitchell qu'à un Velvet Underground apaisé. L'album se clôt d'ailleurs sur un instrumental The Drowning electric où Tara Jane, telle une Ophélie des temps modernes, se noie béate dans une vase électrique. Sur d'autres titres, même quand la guitare acoustique est plus à l'honneur (in tall grass, drowning),


il y a toujours son pendant électrique ou des textures en lévitation, propres à plus nous donner le sentiment que nous avançons bel et bien sur des sables (é)mouvants. Dans son album, la chanteuse aura donné plusieurs couleurs à sa musique. Verte sur la balade irlandaise Howl, blues sur Pearl into sand, jaune comme les blés sur le bucolique In tall grass, blanc comme la neige sur le pur Vertiginous one. Mais chaque tendance se fond dans une même douceur contemplative. Comme quand on regarde le soleil en face et que toutes les formes et couleurs s'habillent d'une même luminosité qui uniformise tout dans une belle radiation. A New binding sera perçu comme la réponse positiviste à la noirceur de Red House Painters, preuve ultime qu'on sort de A ways away emplit d'un sentiment de sérénité, sans pouvoir vraiment expliquer le pourquoi et le comment. Sur Beast, go along (proche de Dead Can Dance sans en prendre tout le décorum), la chanteuse éloigne le monstre de la Lande avec une grâce infinie. A se demander si Tara Jane O'Neil n'aurait pas des pouvoirs magiques ?

denizor
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le 7 sept. 2015

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