A l’heure du troisième album, Porcelain se recentre un peu. Sur leurs deux premiers albums, les Normands avaient quelque peu le démon du post-rock et leur musique naviguait entre différentes eaux, toutes troubles dans leur genre. Avec Adios Betty, on les retrouve plus directs et plus commerciaux. Ce qui nous vaut carrément deux titres radiophoniques et presque brit pop (My plane for a shock-proof world et walk me back, sympathiques mais sans plus), une première pour Porcelain. Le meilleur n’est pas là, on s’en doutait un peu, mais bel et bien avec des titres où le quatuor avance tête-bêche dans une direction unilatérale ultra efficace. Bâti sur deux accords, Tambourine sera considéré comme leur Pure Morning à eux ; une guitare et un Korg à égalité sur la ligne de départ pour un morceau qui fonce ; une force compacte qui envoie la sauce sans faiblir. Sur Spectacular ou Betty, le résultat est presque identique, même si l’équilibre entre électricité et électronique est rompu en faveur des guitares.
Le chant a tendance à répéter à l’envi les mêmes mots comme un nouveau Johnny Rotten, pour un impact garanti et un mode opératoire qui va de pair avec une musique qui assène à coup de béliers. Dans un registre un peu différent, My father, my King laissera penser que le rock de Porcelain peut avoir des accents Shakespeariens. Des morceaux plus mid-tempo ( le rêveur Something beautiful) ou carrément ambiant (The modern age) démontreront que, malgré toutes leurs bonnes volontés de devenir dociles, Porcelain reste assez inclassable : comme un groupe post-punk, post-shoegazing, post-krautrock, post-Radiohead. Autre chose inchangé à leur endroit : Porcelain reste un des meilleurs groupes de rock en France. Et si deux titres plus consensuels permettent de découvrir le reste, tant mieux !