On a un peu du mal à tirer à boulet rouge sur Bensé dont on ne peut douter de la démarche sincère et dont la carrière s’est construite jour après jour d’abord à Nice puis à Paris. Aujourd’hui arrive au devant de la scène avec un premier album sobrement appelé Album.Pourtant, l’ami de Rose (rayon people mais aussi rayon musique) est à ranger aux côtés de la jeune femme dans le rayon chanson folk fraîche mais un peu trop consensuelle et franchement fade. A l’image de son premier single Au grand jamais qui marche sur les traces de Partons vite. Mais là où Kaolin fait de son hommage à Dylan une porte d’entrée au plus grand nombre dans un album exigent et gonflé, le paresseux Bensé en fait son fond de commerce. Petites ritournelles gentillettes en accord majeur et lalala à tue-tête…
Gros succès à prévoir dans les karaokés et sur les radios commerciales et frileuses (je vous laisse choisir qui est la cause et qui est l’effet). Album, avec toute sa saine modestie (celle de faire des chansons point barre) est un album faussement personnel : comprendre texte autobiographique (y compris un titre sur son grand-père Moshe, lourd comme un paquebot) mais musique convenue. Bensé voguerait-il sur les traces d’un Raphael, Renan Luce ou d’un Souchon ou Le forestier de surface ? Quelques cuivres pour sortir du cadre exigu de la guitare acoustique mais là aussi un sentiment d’inachevé surnage surtout en rapport à ce que peut faire le malicieux Jérémie Kisling (dans un genre assez proche). Bensé ne transcende pas ses idoles. Un frisson passe sur Ma veuve et son lits de guitares en dent de scie musicale. Là, où Cocoon ou Domingo vous donne la chair de poule, Bensé n’attire que la sympathie. Ben c’est un peu moyen.