S'il y a un truc qui me fascinera toujours, c'est les gens qui prennent la pop et ses clichés poussiéreux pour les détourner et en faire quelque chose de musicalement valable tout en gardant le caractère jouissif.
Et ce, d'autant qu'au Japon, où la machinerie de création d'Idols est bien huilée. Les chanteuses sont pris dès le berceau (ou presque) et formatées pour délivrer au public masculin sa dose d'endorphine, l'Idol étant priée de conserver un plastique parfaite et de bien fermer sa gueule lorsque le producteur compte ses billets.
Yumiko a beau être une femme magnifique (la preuve https://www.youtube.com/watch?v=tHAZKEoruUg) à même d'être la source de nombreux fantasmes, souriant aux fans rapportant des gros paquet de yens à EMI, elle a pourtant oubliée d'être bête et va par conséquent adresser un doigt d’honneur monumental à cette diabolique industrie. Les thèmes abordés dans Muzai Moratorium sont explicites et bien loin de l'imagerie kawaii adoptée par les femelles de l'industrie. Et, si Yumiko garde une structure pop (qu'elle abandonnera un peu au cours de sa carrière), ce n'est qu'une ruse pour entrer dans le n'importe quoi contrôlé. Yumiko proposera toutes ses excentricités, y compris dans les clips, toujours qualitatifs à des auditeurs en quête de créativité et de bizarreries japonaises en tout genre.
Jazz, Punk, Rock, Folk Japonaise, Yumiko prend tout le mélange, et hop, 45 minutes de musique qui coule avec joie dans vos oreilles. Yumiko prend un riff concon, le torture, part dans son délire, avant de retomber félinement sur ses pieds. L'auditeur ne peut que se soumettre avec joie devant ce déluge d'instruments, de soli, et cette voix, ce phrasé si particulier et si maitrisé dont nous gratifie la sémillante Yumiko. Hurlant, sifflant, roulant ses -r à l'excès, on ne peut que s'incliner devant la maitrise vocale de la Japonaise. De même que l'on ne peut que s'incliner devant les arrangements subtils qui donnent toute sa cohérence à l'album. Car, si Yumiko se charge du piano et de la guitare, la basse et la batterie cadrent parfaitement le bordel, ce qui est une performance en soi. D'ailleurs Faut t'il préciser que la dame n'a que 21 ans au moment de l'enregistrement? Ce qui serait, pour tout autre le pic d'une carrière ne sera, pour Yumiko, que le début d'une longue et fructueuse aventure musicale.