A l'heure où l'égérie sixties Claudine Longet fait l'objet d'un revival (réédition d'albums, participation à des compilations aussi tendances que Dirty Diamonds), voilà que Isobel Campbell vient se placer en version moderne de la fluette Claudine. Pour cette ex Belle and Sebastian, la transition aura été sa participation au projet parallèle Gentle waves. On le sait Isobel a toujours été marquée par les années 60, mais elle l'est ici plus que jamais, se réclamant de Nancy Sinatra, Lee Hazelwood et même de Carlos Jobim (The breeze whispered your name). A l'écoute d'"Amorino", on imagine un plateau de télé des années 60 avec un présentateur de la BBC, lunettes carrés en écaille, annonçant Isobel, toute timide dans sa robe Courrèges seule avec un grand orchestre, debout derrière leurs pupitres, tous parfaitement vêtus avec costume strict et nœud pap'. On s'y croirait !! Comme cela aurait pu être le cas avec Goldfrapp ou avec Hooverphonic, sauf qu'avec Isobel, l'atmosphère y est plus automnale, les couleurs plus pastels ; un camaïeu d'émotion diffuse et doucereuse. De la à dire qu'Amorino" est un disque sensible, il n'y a qu'un pas que l'on franchit sans coup férir. Parce que les titres parlent d'eux-mêmes à commencer par le morceau-titre, sublime variation dramatique autour d'un clavecin. Et puis il y a October sky, instrumental virevoltant et insaisissable ; Why does my hurt so à la mélancolie similaire à la BO de "Macadam Cow-boy" de John Barry ; This land flows with milk, berceuse au piano et aux cordes impressionnistes ; Time is just the same, ballade champêtre en duo avec Eugene Kelly. On pourrait tous les détailler mais on le fera pas par manque de place. Mais ce premier album solo change l'amertume du départ d'Isobel de Belle and Sebastian en grâce retrouvée.