Angles
7.5
Angles

Album de Arca (2003)

chronique écrite en 2003


Il est des disques que l'on veut défendre plus que les autres et ce deuxième album d'Arca en fait partie. Peut-être parce que la musique de Joan Cambon et de Sylvain Chauveau n'est pas des plus faciles à appréhender. Peut-être surtout parce qu'elle fait partie de ce qui se fait aujourd'hui de plus intéressant et de plus personnel. On connaissait déjà Sylvain Chauveau comme membre de Watermellon Club et de Micro:mega et même comme artiste solo ( son dernier "le livre noir du Capitalisme" est sorti il y a peu). On l'avait découvert l'année dernière avec son projet Arca et Cinématique, un album instrumental où les seules voix provenaient d'extraits de films et de documentaires. "Angles" poursuit sa recherche dans cette même direction. Le choix des samples est pertinent et participe à inscrire le groupe dans un discours politique. Avec ses samples de journaux télévisés (Polarités), son discours sur la manipulation de l'information (Endormir les hommes proche de la dialectique de Diabologum et de Programme), Arca regarde son temps avec acuité. Plus encore que pour le précédent, la musique s'inscrit dans une mouvance post-rock proche de Silver Mt Zion ou de Do make Say think. Mais le duo mêle avec encore plus d'équilibre textures électroniques, bases électriques et instruments acoustiques (violoncelle, clarinettes, glockenspiel) : Perspective of the nude évoque ainsi le meilleur de Zend Avesta. Toujours mélodique (il faut le noter), Arca arrive donc à mêler errance auditive et profondeur du discours ; calme diffus et guitares tranchantes (endormir les hommes définitivement imparable). Et puis l'album se conclut avec Nyodene D : une longue montée autour d'un tapis de guitares scintillantes et d'une basse virevoltante, qui n'en finit d'accumuler les strates. Une fin impeccable qui nous laisse sans voix, abasourdis. Il est des fois où le modeste chroniqueur que je suis aimerait ne pas rater son article, donner envie au plus de gens possibles de jeter au moins une oreille sur un CD. Au moins quelques-uns... en espérant secrètement qu'ils soient des centaines, des milliers...

Créée

le 2 sept. 2015

Critique lue 81 fois

1 j'aime

denizor

Écrit par

Critique lue 81 fois

1

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime