chronique écrite en 2003
Il est des disques que l'on veut défendre plus que les autres et ce deuxième album d'Arca en fait partie. Peut-être parce que la musique de Joan Cambon et de Sylvain Chauveau n'est pas des plus faciles à appréhender. Peut-être surtout parce qu'elle fait partie de ce qui se fait aujourd'hui de plus intéressant et de plus personnel. On connaissait déjà Sylvain Chauveau comme membre de Watermellon Club et de Micro:mega et même comme artiste solo ( son dernier "le livre noir du Capitalisme" est sorti il y a peu). On l'avait découvert l'année dernière avec son projet Arca et Cinématique, un album instrumental où les seules voix provenaient d'extraits de films et de documentaires. "Angles" poursuit sa recherche dans cette même direction. Le choix des samples est pertinent et participe à inscrire le groupe dans un discours politique. Avec ses samples de journaux télévisés (Polarités), son discours sur la manipulation de l'information (Endormir les hommes proche de la dialectique de Diabologum et de Programme), Arca regarde son temps avec acuité. Plus encore que pour le précédent, la musique s'inscrit dans une mouvance post-rock proche de Silver Mt Zion ou de Do make Say think. Mais le duo mêle avec encore plus d'équilibre textures électroniques, bases électriques et instruments acoustiques (violoncelle, clarinettes, glockenspiel) : Perspective of the nude évoque ainsi le meilleur de Zend Avesta. Toujours mélodique (il faut le noter), Arca arrive donc à mêler errance auditive et profondeur du discours ; calme diffus et guitares tranchantes (endormir les hommes définitivement imparable). Et puis l'album se conclut avec Nyodene D : une longue montée autour d'un tapis de guitares scintillantes et d'une basse virevoltante, qui n'en finit d'accumuler les strates. Une fin impeccable qui nous laisse sans voix, abasourdis. Il est des fois où le modeste chroniqueur que je suis aimerait ne pas rater son article, donner envie au plus de gens possibles de jeter au moins une oreille sur un CD. Au moins quelques-uns... en espérant secrètement qu'ils soient des centaines, des milliers...