Au ciel
Au ciel

Album de Colin Chloé (2014)

Si l’on jugeait la qualité d’un disque au pedigree, de ses intervenants, Au Ciel ferait d’emblée partie du haut du panier. Dans sa formule ramassée, l’album marque tout de suite des points : Pascal Humbert, bassiste de Sixteen Horsepower et nouveau coéquipier de Bertrand Cantat dans Détroit ;, Yves-André Lefeuvre batteur pour Philippe Pascale et Miossec. Sans oublier Bruno Green, membre de Santa Cruz et producteur aguerri qui accueille ce joli monde dans ses studios à Rennes, un endroit finalement éloigné quand on est du Finistère. Car effectivement, Colin Chloé, celui pour qui ces cadors se sont réunis, est Brestois.


Nous l’avions découvert il y a quatre ans pour un premier album Appeaux. Il sortait de nulle part mais on ressentait tout de suite qu’il n’était pas le premier venu, tant son album s’affirmait comme mature. Il flottait sur le disque un air marin. Pour celui-ci, il change d’élément.


Chez Colin Chloé, tout vient de la nature : de cette terre nourricière d’où on regarde le ciel, de ces chapelles perdues d’où on invoque les saints et esprits paîens pour faire revenir l’être aimée (la chapelle et son, petit côté François Villon), de ces passereaux qui nous guettent, aux lapins de garenne que l’on chasse. Ce n’est peu dire que son disque a désormais des allures terriennes et même paysannes (le traditionnel La Misère). Mais dans cette attitude de poète/paysan, Colin Chloé se situe toujours dans une vision panthéiste, recherchant un absolu à partir de la nature (Walden, inspiré par le récit de Thoreau). Par ses textes et ses thématiques, le Breton est en soi rare et précieux.


Musicalement, l’album est bien calé justement sur le sol, et sur des bases rythmiques solides (dans la vallée, la terre nous attend ou certains disent sur un texte de Georges Perros). Avec ses guitares âpres,, le Breton se rapproche d’un Bashung ou plus loin d’un Lou Reed ou d’un Neil Young, ces deux-là étant les références revendiquées du songwriter. Et dans le genre, Colin Chloé fait mieux qu’être crédible. Tournant le dos en grande partie à l’acoustique d’Appeaux, Au Ciel s’épanouit dans l’électrique, un album nettement moins folk et plus rock, n’ayant pas peur de faire sonner une guitare électrique, faire tournoyer un solo, y mettre de la slide ou de la distorsion (le final d’Au Ciel, grand moment). Mais Colin Chloé sait offrir des troués d’air et de lumière acoustique dans cette forêt électrique, parfois étouffante. La terre et le ciel, l’homme et la nature…l’histoire est millénaire mais elle est essentielle.


Réfugié sur un label canadien, Colin Chloé mériterait de devenir prophète en son pays. Ce deuxième album vous en donne l’occasion.

denizor
7
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le 9 janv. 2017

Critique lue 30 fois

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