D'abord la pochette : un paysage entre taïga et étang perdu au milieu du brouillard. Image superbe dont on ne sait si c'est là une photo ou une peinture. A l'instar de cette interrogation d'ordre plastique, on hésitera avant de mettre une étiquette sur ces Islandais : Electronica ou pop ? Worm is Green sait bien mener sa barque, mettant tout de suite la barre haut au niveau du son et commençant son premier album par un instrumental proche de Boards Of Canada (et donc aux programmations organiques). On ne pourra qu'être d'autant plus troublé dès que la voix de Gudridur Ringsted (que l'on imagine et qui est blonde comme les blés) fera sa diaphane apparition dès le deuxième morceau. On n'arrivera pas non plus à statuer sur la temporalité de cette musique : totalement en phase avec son époque (avec Automagic ou Drive thru, ...rarement Electronica n'aura été aussi riche et ciselé), universelle dans ses mélodies (Morning song, Undercover à chercher du côté des Norvégiens de Bel Canto) ou nostalgique d'un certain passé (la relecture pertinente du classique de Joy Division, Love will tear us apart). Mais c'est encore le titre d'une chanson qui exprime le mieux la dichotomie de Worm is Green et l'élément qui en fait un groupe essentiel : The Robot has got the blues. Oui, ici les machines ont des états d'âme. Et ce nouveau groupe Islandais devient aussi miraculeux que Mùm le temps d'un Shine, envoûtant qui donne des envies irrépressibles de se laisser sombrer lentement mais inexorablement dans des eaux marécageuses telle une Ophélie moderne.