La pochette voit David Grumel debout sur une barque, comme sur une toile de nabis Puvis de Chavannes ; à se demander si Grumel sera prophète en son pays…Le musicien n'en est pas à ses débuts et a eu notamment la chance d'apparaître sur une compilation Beautiful Muzique du label UCMG. Pour les connaisseurs, le ton est donné : Grumel se place en droite ligne du down-tempo version Mole Listening pearls (label allemand auto-proclamé inventeur du genre) : fond mélancolique, touche jazz cool, programmation trip hop. Ce n'est pas nouveau, il y a même quelques figures imposées (Magnolias sample Billie Holiday et strange fruit comme une réponse à The Child de Gopher ; il y a forcément le morceau soul avec Until the end of time) mais reconnaissons que c'est top classe, parfaitement produit et arrangé et ce d'autant plus, car le Français a réalisé son album avec Bardi Johannsson (Bang Gang, lady and Bird), carrément en Islande : une entente qui ramène Beau rivage du côté des productions avec cordes du blond Islandais (Something wrong en tête).
Cet apport acoustique rend plus intemporel la donne initiale (une leçon dont s'était servi Massive Attack pour Unfinished sympathy ou Sly). Grumel a sans doute pour lui d'avoir attendu longtemps le passage à l'acte grand format (la longue liste des remerciements atteste qu'il s'est passé beaucoup de temps pour en arriver là), Il en ressort déjà mature, ultra pro et détaché de ses influences les plus marquantes, que ce soit , Air ou Depeche Mode (freerush à l'écriture très Martin Gore). Aucune copie carbone à déplorer, même s'il n'y a pas lieu de feindre l'étonnement ou la surprise. Mais que voulez-vous il est parfois très agréable et très réconfortant de retourner dans un grand Hotel Restaurant, ** au Michelin, service impeccable avec gants blancs et vaisselle raffinée. L'album s'appelle Beaurivage. Un titre parfait. On y accoste avec plaisir dans un désir de volupté.