Pour ceux qui avaient connu Vincent Dupas en anti-héros folk sous le nom de My name is Nobody, la surprise est de taille : Fordamage est électrique, Fordamage est sauvage et n'a pas l'intention de se laisser dompter. Fordamage va surtout causer des dommages dans votre salon, cet album -leur deuxième - donnant une envie irrépressible d'y foutre le bordel. Pour cela, Vincent n'est pas seul : ils s'y mettent donc à quatre, avec en plus de lui, Amélie Grosselin, Anthony Fleury et Pierre Marolleau. On a le sentiment que tout le monde est ici à égalité - ce, même si l'entité aurait pu être signé sur le label Discord si elle n'avait pas été nantaise mais de Washington.
D'ailleurs, chaque membre vient "pousser de la voix" (c'est le meilleur terme) sur les quelques moments chantés de l'album. Musicalement, Fordamage arpente le rock anguleux et reptilien de Jesus Lizard. Les voix sont à ce titre très proches des accents si particuliers de David Yow. Le groupe impressionne par ses rythmiques qui rendent chaque morceau imprévisible et chaotique. Mais cette technicité, loin d'être stérile, tire le rock blanc de Fordamage du côté de la musique africaine. Il y aura donc presque un soupçon de groove derrière les attaques de guitares mais celui-ci rend plus schizophrène qu'il donne envie de danser. Par cet ouverture d'esprit et cette volonté que tout est possible, Fordamage rappellera The EX. Cela tombe bien, les deux groupes ont joué ensemble. N'y étant pas, je me dis que cela a vraiment dû donner un concert de malades.