Avec Prosperr, il ne sera pas question de faire « youp la boum ». On n’est pas là pour rigoler. D’ailleurs, le patronyme choisi par les Palois s’écrit avec un « r » qui ouvrira tous les paris : pour "rageur" ? pour "radical" ? Prosperr ne caresse pas en effet dans le sens du poil : instrumental, très rythmique (à la manière de Sincabeza), obsessionnel comme Jesus Lizard et surtout post-punk-hardcore. La version du genre, déclamée ici à grands de guitares et de basses tendues sur 45’, tient moins de la réflexion intellectuelle que du pur instinct presque animal que l’on retrouve dans le blues ou la musique garage (Bamboo).
Ce qui ne les rend pas moins fréquentable et ne les empêche pas pondre des structures tordues (2513=2514) à faire pâlir Shellac ou Fugazi. Prosperr ne fait pas de concession, refuse de déployer des mélodies et reste fidèle à l’étau dans lequel ils nous ont enserré. Et eux avec, pourrait-on ajouter car le trio reste un peu bloqué dans ses propres fondements. Ils nous laissent espérer une mélodie plus élaborée (avec un joli gimmick sur 4 étages au piano) et même l’apparition du chant qui pourrait se poser sur le plus ouvert Dim Aka. Mais non, Prosperr ne franchit pas le pas. Sur Omaha bicth, le trio donne un côté garage sixties avec les guitares idoines et des claviers SF qui nous donne un peu d’air. Un peu tard…