Archie Shepp (que je découvre) livre ici un album atypique.
Saxophoniste de renom, il a collaboré avec les plus grands à commencer par Coltrane sur Ascension.
Il revendique la volonté de faire participer les Noirs aux virages sociétaux proposés par les musiques révolutionnaires. Avec le Free Jazz en fer de lance.
Je m'attendais donc à retrouver les rugissements stridents d'un Albert Ayler ou donc du Trane version Ascension.
D'autant plus que Blasé (Blaise) signifie "qui balbutie"...
Et bien que nenni ! Point de Free Jazz. Preuves à l'appui
My angel
Une intro à l'harmonica digne des blues cotonniers du Deep South !
Puis surgissent les percus (Phillie joe Jones) et surtout les vocalises de Jeanne Lee.
Enfin arrivent les barrissements du saxo d'Archie et de la trompette de Lester Bowie.
Mais dans ce morceau, c'est bien la voix qui tient la vedette.
Ici, le Free jazz reste très harmonieux (au sens propre et au sens figuré). Rien à voir avec le tintamarre d'Albert (ça se lit que je ne suis pas fan de ce dernier ?)
Blasé
Une intro au piano de Dave Burrell qui a collaboré notamment avec Pharoah Sanders.
Pharoah Sanders ? Donc délirium à la Free Jazz ethnique !
Que nenni (bis) !
Car le saxo d'Archie arrive sur la pointe des pieds sur un rythme digne d'Ascenseur pour l'échafaud. Il restera très discret tout le long de l'album.
En délicatesse, le piano et les percus entretiennent le tempo et le suspense.
Et quand s'immisce le chant de Jeanne Lee, le saxo se fait rond, doux ou turgescent. Comprenne qui voudra, les performances vocales et celles des instruments sont pour le moins explicites ! Surtout quand l'harmonica sonne l'assaut..
1969 oblige...
10mn de grand art.
There is a balm in gelead
Une intro au fluegelhorn (trompette) digne d'un western.
Arrive la voix ronde, mi lyrique, mi bluesy, un mot sous forme "gospel largo" digne d'un enterrement.
La chanson est la reprise pour le moins impromptue de Mahalia Jackson. Celle-là même qui aurait inspiré I have a dream de Martin Luther King... Black connexion toujours !
Sophisticated lady
Intro Freejazz au piano de 20 secondes puis le morceau devient résolument Blues.
Billie Holiday is back !!! Pour cause, il s'agit de la reprise de Duke Ellington.
Touareg
Intro aux percussions et le saxo s'emporte... un peu... en fait non...
Revue de gamme Free jazz somme toute très accessible sur les percussions qui sont devenues plutôt Hard bop.
NB : l'inspiration africaine (au delà du titre) semble lointaine.
Bref un album résolument au croisement du blues et du jazz.
Dans une partition Instruments et Voix innovante et parfois troublante.
Avec un saxophoniste opportuniste et globalement très discret...