Blood & Fire signe le retour au top de l'un des groupes les plus prometteurs du début de siècle, les Eighties Matchbox B Line Disaster. Après un Royal Society en demi-teinte sorti six ans plus tôt, il y avait fort à parier que les anglais déchainés ne remonteraient pas en première ligue.
Et pourtant, dès l'introduction pétaradante "Love Turns To Hate", on sent que toute la verve de ce quintette rafraîchi (les deux guitaristes d'origine sont partis) est ressuscitée. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas un hasard si un phénix orne la pochette somptueuse de ce troisième LP.
Après un silence radio de longues années, on retrouve enfin le Guy Mc Knight possédé, enragé, qui faisait les beaux jours d'Hörse Of The Dög. Et ça tombe plutôt bien : sa voix tour à tour enjôleuse, satanique ou crooner a toujours été, plus encore que la folie rythmique, la marque de fabrique indélébile de ces punks garagistes et bluesmen dans l'âme. La meilleure preuve en est certainement que, même en ayant twisté les moteurs mélodiques (les deux guitares, donc), le groupe n'a aucunement changé son identité. Simplement, The Eighties Matchbox B-Line Disaster a cette fois-ci décidé de répondre point par point au cahier des charges évoqué par le titre de son bébé : autrement dit, du sang et du feu (Blood & Fire). Voilà qui est bien plus excitant qu'un portrait de "société royaliste" !
Adieu donc aux velléités pop presque classes de son prédécesseur et retour aux sources qui ont conduit ces alors (très) jeunes garçons de Brighton à faire la une de quelques magasines en 2002 : fureur, extravagance et dérision. C'est d'ailleurs l'esprit résolument fun de la troupe qui rend cette expérience musicale brutale et speed tout à fait supportable. Un esprit fun qui est une fois de plus à mettre au compte de la fantaisie vocale de McKnight : convaincant dans tous les registres, du hurlement primaire au baryton lyrique, il s'affirme ici comme l'un des plus grands chanteurs de sa génération sans nul doute possible.
Derrière, les deux gratteux assènent du riff sale, des soli qui semblent tout droit sortis du cul du diable, tandis que la basse gutturale et martiale de Sym Gharial s'accorde parfaitement aux débordements énergiques de Diamontopoulo, batteur inspiré. Le tout est bouclé en 38 minutes top chrono, sans une seule faute de rythme, sans une seule baisse de régime, chaque chanson portant en elle un feu propre.