Après le départ des trois-cinquièmes de sa formation, More repart sous forme de quatuor, avec Mick Stratton au chant et Kenny Cox à la manœuvre. Plus heavy que le premier album, Blood & Thunder s’appuie aussi sur des lignes mélodiques moins sophistiquées et un chant plus éraillé et hurlé que sur le précédent album. C’est flagrant dès les premières mesures de « Killer On The Prowl » dont le riff est répétitif, lourd et sombre. Intéressant, ce morceau n’en est pas moins inférieur aux compositions antérieures. Et que dire de « Blood And Thunder » qui, malgré une énergie communicative, se perd en son milieu en un improbable solo de batterie ? Plus inquiétant encore est le chant de Mick Stratton qui en fait des tonnes et devient vite horripilant. Ses lignes vocales ne sont pas extraordinaires, si bien qu’un titre comme « Nightmare » est tout bonnement inintéressant.
C’est bien dommage, car les parties instrumentales des dix morceaux sont assez réussies, comme le montrent « Traitors Gate », le complexe « I've Been Waiting » ou le bon « I Wanna Take You » aux influences puisées chez Jimi Hendrix. Ainsi, lorsque Stratton ne pousse pas trop sa voix, les chansons tiennent la route, comme c’est le cas pour « Go Home ». Il n’est pourtant pas le seul à gâcher la fête. Sur l’instrumental « The Eye », Kenny Cox cherche à nous montrer qu’il est un grand guitariste. Malheureusement, s’il est assez bon, lui aussi dépasse ses limites et parvient à ruiner la fin du morceau.
S’inscrivant dans la moyenne des albums de l’époque, Blood & Thunder est néanmoins inférieur à Warhead et possède de nombreuses lacunes qu’une production extérieure aurait pu gommer. Comme le montre la pochette centrée sur un unique musicien, cet album ressemble plus à un projet solo qu’à un vrai travail de groupe. More sortira encore le 45 tours « Trickster/Hey Joe » avant de se séparer et de revenir plusieurs fois ou sous forme de cover band (sic)…