Depuis sa sélection au FAIR en 2000, le Lyonnais Agoria (alias Sébastien Devaud) avait suivi son petit bonhomme de chemin : la voie toute tracée de tout artiste électro avec participation à des compiles, des remixes et surtout un maxi (la 11e marche) encensé outre-Manche. Mais pas d'album jusqu'à ce "Blossom". Agoria a pris son temps, histoire de ne pas forcément être le énième suiveur de Daft Punk. Pourtant, le premier think different (en référence à son label ou à Pepsi ?) est sous haute influence et au final sans grand intérêt. Mais Agoria abandonne cet héritage house pour piocher chez Daft Punk un autre son. Comme DP avait accouché d'un Rollin' and scratchin' aux sons viscéraux, Agoria creuse un sillon identique sur Organic et Stereolove : il fait groover comme d'autres dépeussent des carcasses. Agoria prend littéralement aux tripes (recommandation : pensez à éponger le sang des dance-floors !). Mais "Blossom" est au final un album très varié. Kolea et All I needrappellent le son de Détroit (l’inusable Kevin Saunderson) ; Haiku, down-tempo et jazzy (Bugge Wesseltoft) est un pur moment de sérénité tandis que d’autres titres sont chantés : Worth it entre mélancolie, allégresse sautillante (un équilibre que l’on retrouve avec Everything but the girl) ; Spinach girl, electro-pop robotique entre Mirwais, Laurie Anderson et Ellen Alien. Agoria arrive avec ses deux titres à pondre des tubes grand public (On pourrait imaginer Madonna en interprète) sans pour autant renier une ambition formelle et harmonique. Tricky,en invité de marque, parachève nous avis positif : 2thousand3 est un titre visqueux et flippant qui nous rend définitivement Agoriaphile. A noter un titre caché, condensé de tous les talents d’Agoria !